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Le procureur général près la Cour suprême du Mali, Mamoudou Timbo, a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour atteinte aux biens publics et malversations, au terme de laquelle l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été placé sous mandat de dépôt.

Le procureur général près la Cour suprême du Mali, Mamoudou Timbo, a communiqué mardi 19 août sur l’ouverture d’une information judiciaire contre de plusieurs dignitaires, dont l’ancien Premier ministre Choguel Maïga, visant des faits de faux et usage de faux, atteinte aux biens publics, blanchiment d’argent et complicités, portant sur plusieurs milliards de francs CFA et impliquant des fonctionnaires ainsi que des opérateurs économiques.

Dans son communiqué parvenu à APA, le procureur général a précisé que les investigations concernent notamment la gestion de la Primature et d’organismes rattachés, et que le dossier avait donné lieu à une disjonction des procédures. En effet, la Cour suprême conserve la compétence pour certaines poursuites pénales, tandis que le volet relatif à la délinquance économique et financière est renvoyé devant le Procureur national financier.

Le même jour, la Chambre d’instruction de la Cour suprême a placé sous mandat de dépôt l’ancien Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, au terme d’une garde à vue d’une semaine au Pôle national économique et financier de Bamako. Selon les autorités judiciaires, s’appuyant sur un rapport du Bureau du Vérificateur général (BVG), Choguel Maïga est poursuivi pour atteinte aux biens publics, incluant des faits présumés de faux, usage de faux et malversations financières, concernant sa gestion de la Primature, de l’Agence de gestion du Fonds d’accès universel (AGEFAU) entre 2020 et 2023, ainsi que de l’Autorité malienne de régulation des télécommunications et des postes (AMRTP).

Le procureur général a rappelé que la procédure se déroulera dans le respect des droits de la défense et des principes du procès pénal, en soulignant la présomption d’innocence et le devoir de réserve, tout en assurant que son parquet communiquera à chaque étape nécessaire.

Le dossier fait état d’irrégularités financières jugées graves : dépenses injustifiées de plusieurs milliards de FCFA, octroi de prêts douteux, abonnements téléphoniques non documentés, frais de mission excessifs, marchés attribués sans transparence et autres anomalies de gestion.
Choguel Maïga avait d’abord répondu à une convocation le 1er août, avant d’être entendu de nouveau le 12 août, puis placé en garde à vue jusqu’à sa présentation devant la chambre d’instruction.

Selon son avocat Me Cheick Oumar Konaré, l’ancien Premier ministre a accueilli la décision « avec sérénité », déclarant qu’« un homme politique doit s’attendre à tout, y compris la prison et la mort ». Il a exprimé son soulagement de voir son ancien directeur de cabinet, le professeur Issiaka Ahmadou Singaré, 80 ans, poursuivi dans le même dossier mais sans détention.

Figure de proue du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), Choguel Maïga avait été nommé Premier ministre en 2021 durant la transition et limogé en novembre 2024 après avoir critiqué la prolongation de la transition par les militaires. La chambre d’instruction poursuivra désormais l’examen du dossier, aucune date de comparution n’ayant encore été fixée.

MD/ac/Sf/APA

By Albert C. Diop

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