Après avoir fait durer le suspense pendant quelques jours, le président du Cese et élu de Boké Diallobé a fini par accepter de se ranger derrière le candidat choisi par le leader de sa coalition, Benno bokk yaakaar. Il ne reste, parmi les ténors qui ne se sont pas encore prononcés, que l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Le mauvais feuilleton a finalement pris fin hier. Abdoulaye Daouda Diallo a fini par se rendre compte qu’il n’avait pas assez d’envergure pour s’opposer à son propre camp. Il a fini par faire allégeance au candidat choisi de son camp, Amadou Ba. La réconciliation a été actée hier dans la soirée, au cours d’un entretien en tête-à-tête entre les deux hommes à la résidence officielle du Premier ministre.
On peut imaginer que les choses n’ont pas dû être faciles, et le président du Conseil économique, social et environnemental n’a pas déposé les armes aussi facilement que l’on pourrait le croire. La preuve, après une première rencontre dans l’après-midi, M. Diallo a quitté Amadou Ba pour se rendre au palais de la République, où il a été reçu par le Président Macky Sall. Etait-ce pour demander à ce dernier d’intercéder auprès de Amadou Ba pour faire passer ses exigences ? En tout état de cause, après être sorti de cette rencontre, l’ancien ministre des Finances et du budget est allé retrouver son ancien collègue de l’Economie, des finances et du plan, pour les dernières mises au point et la déclaration officielle.
Sans avoir besoin de spéculer sur les détails des échanges, on peut tout de même s’assurer que Amadou Ba n’a pas eu à céder sur l’essentiel. Au point où il en est, le Premier ministre est au même point que les autres candidats ; il doit d’abord s’assurer à sécuriser ses parrainages.
Une fois cela fait, il lui faudra battre campagne, et se donner les moyens de gagner.
Or, on ne peut, à ce stade, s’aventurer à faire des promesses, sans savoir si l’on va passer au premier tour ou pas. Le cours de la campagne pourrait imposer des alliances de dernière minute, qui demanderaient des concessions. Dans ces circonstances, pour ne pas avoir à se dédire, on ne peut donner des garanties que d’avoir à gouverner ensemble, en militants du même parti. N’est-ce pas d’ailleurs ce que leur a enjoint leur leader, le Président Macky Sall, qui leur a demandé de «gagner ensemble pour gouverner ensemble» ?
On pourrait facilement le croire, lui qui a eu à diriger la coalition politique qui a eu la plus longue longévité dans l’histoire politique du Sénégal.
Le ralliement de ADD met Mahammed Boun Abdallah Dionne dans une position délicate. Il se disait dans les salons de Dakar, que «Boun», comme l’appellent familièrement les Sénégalais, avait demandé aux autres ténors de créer ensemble une coalition qui pourrait faire balance à Amadou Ba, et qui sait, contraindre le président de la coalition à revenir sur son choix.
Or, dès l’annonce du choix de M. Ba, Aly Ngouille Ndiaye (A2N) a préféré prendre ses responsabilités sans attendre, et tenter sa chance tout seul.
Abdoulaye Diouf Sarr s’est également rangé très vite, ainsi que le président de l’Assemblée nationale, M. Amadou Mame Diop. Et ceux qui sont restés, ont vite compris que M. Mahammed Dionne ne roulait que pour sa propre chapelle, voulant que les autres se rangent derrière lui. ADD, qui aurait à un moment, menacé de prendre aussi ses responsabilités et couper les amarres, a fini par se rendre compte que, ne pouvant aller loin tout seul, quitte à être derrière un candidat, le meilleur serait celui qui a été choisi par son ami, le leader de son parti. Reste maintenant à l’ancien Premier ministre de se prononcer lui aussi dans un délai assez bref.
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