Etienne Gatanazi
Deutsche Welle – Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, tous confrontés au terrorisme, se disent déterminés à se défendre mutuellement. Analyse des enjeux de cette alliance.
Au lendemain du coup d’état du 26 juillet qui a renversé le président Mohamed Bazoum au Niger, des divergences étaient apparues au sein des pays de la sous-région ouest-africaine quant aux sanctions à infliger aux putschistes nigériens et au soutien à apporter à la Cédéao qui brandissait la menace d’une intervention militaire pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions.
Mais, le Mali et le Burkina Faso, deux pays dirigés par des militaires, clarifiaient leur position en affirmant leur soutien au nouveau régime en place à Niamey. Ces deux pays se sont par la suite dit prêts à intervenir militairement pour défendre le Niger en cas d’attaque de la Cédéao.
Pourquoi une alliance ?
Selon Jérôme Pigné, expert en matière de sécurité, l’idée de créer cette alliance serait principalement motivée par la mise en place d’une brigade pour faire face à la menace de l’organisation sous-régionale. « Les régimes de transition au Mali et au Burkina Faso se sont déjà mis d’accord et c’est acté qu’en cas d’intervention de la Cédéao, ils riposteraient. Le Burkina Faso a déjà déployé un contingent de 100 personnes dans la région de Tillia. On voit que les choses sont déjà en cours », explique-t-il.
La charte de cette alliance prévoit dans ses articles, la lutte contre le terrorisme dont souffrent les trois pays. Et cette mutualisation des forces contre ce phénomène est une bonne chose selon Seidik Abba, journaliste et spécialiste du Sahel explique qu' »aujourd’hui, le Burkina Faso est attaqué mais souvent, les assaillants viennent du Niger ou du Mali. Donc, si on construit une réponse commune de solidarité avec le Burkina, cela peut avoir une meilleure efficacité, plutôt que chacun lutte de son côté contre les groupes terroristes. »
Des doutes sur l’efficacité de l’alliance
Bien que confrontés à la même menace sécuritaire, la nature de cette menace terroriste diffère d’un pays à l’autre selon Jérôme Pigné. Il y a quelques jours, les forces armées maliennes étaient aux prises avec les éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad dans le nord du pays et l’analyste voit mal comment l’alliance pourrait réussir dans une telle situation. A cela, il faut dit ajouter la question du financement de cette alliance.
Selon Jérôme Pigné, « on a bien du mal à comprendre comment, avec tous ces atermoiements et cette insécurité grandissante et cette volatilité généralisée, quels seraient les leviers politiques, militaires, sécuritaires et financiers, surtout. Donc, on a bien du mal à imaginer comment une institution hybride pourrait permettre de mobiliser des fonds et une véritable stratégie de structuration de cette organisation ».
Plusieurs analystes s’accordent à dire que la création de cette alliance marque aussi la fin du G5 Sahel.
Par Etienne Gatanazi