20 Minutes avec AFP

Niger : La junte militaire dénonce les « agissements perfides » d’Antonio Guterres, le chef de l’ONUDIPLOMATIE Le Niger est toujours représenté par son ancien gouvernement à New York

Antonio Guterres s’exprime devant l’Assemblée générale de l’ONU. (lllustration)
Antonio Guterres s’exprime devant l’Assemblée générale de l’ONU. (lllustration) — CHINE NOUVELLE/SIPA
Non reconnu par la communauté internationale, le régime militaire au Niger, issu d’un récent coup d’Etat, a peu goûté sa première expérience à l’ONU. « Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, auteurs du coup d’Etat de juillet) et le gouvernement de la république du Niger prennent à témoin la communauté nationale et internationale quant aux agissements perfides du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui sont de sorte à saper tout effort de sortie de crise dans notre pays », indique un communiqué lu à la télévision publique.

Selon ce texte, Antonio Guterres « s’est fourvoyé dans l’exercice de sa mission en faisant obstacle à la pleine participation du Niger à la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU ». Lors de cette Assemblée générale, le régime militaire au pouvoir avait envoyé son nouveau ministre des Affaires Etrangères, Bakary Yaou Sangaré, qui était avant le coup d’Etat du 26 juillet le représentant du pays à l’ONU.

Une commission spéciale, connue pour repousser ses décisions
« Antonio Guterres a non seulement refusé de prendre acte de la liste officielle des délégués du Niger (…) mais a surtout accédé à la demande fantaisiste de l’ex-ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou tendant à révoquer le représentant permanent du Niger auprès des Nations Unies », note le communiqué de Niamey. Le Niger « récuse et dénonce avec force cette ingérence manifeste d’Antonio Guterres dans les affaires intérieures d’un Etat souverain », ajoute le texte qui dénonce « la complicité de la France et de deux chefs d’Etat francophones » ouest-africains, sans les citer.

Le porte-parole d’Antonio Guterres a rejeté les explications avancées par le Niger. « En cas de lettres de créances concurrentes de la part d’un Etat membre, le secrétaire général transmet la question à la commission de vérification des pouvoirs de l’Assemblée générale qui délibère sur la question. Le secrétaire général ne décide pas », explique Stéphane Dujarric. Selon une source diplomatique, l’ONU a, dans le cas du Niger, reçu deux demandes différentes pour s’exprimer à l’Assemblée générale, l’une pour Bakary Yaou Sangaré et l’autre venant du gouvernement renversé.

La question a donc été renvoyée à la commission des pouvoirs qui ne se réunit en général pas avant l’automne et aucun représentant du Niger n’est ainsi prévu sur la liste des intervenants à l’Assemblée générale. Cette commission composée de neuf Etats membres examine les situations controversées, sans pour autant prendre de décisions. Elle a par exemple reporté plusieurs fois ses décisions sur la Birmanie et l’Afghanistan, toujours représentés à l’ONU par les ambassadeurs des anciens gouvernements.

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By Albert C. Diop

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