Crise de l’eau à Nouakchott : entre promesses officielles et réalité du terrain

Shems Maarif — Alors que la capitale vit depuis plus d’une semaine une pénurie d’eau sans précédent, les déclarations officielles peinent à dissiper le flou qui entoure cette crise.

Dans un entretien accordé à la chaîne Sahara24, Mohamed Lemine Saleck, conseiller technique à la Société nationale de l’eau, a indiqué que les travaux d’installation de la nouvelle station de dé-sablage étaient entrés dans leur dernière phase. Selon lui, la mise en service prochaine de cette infrastructure permettra de rétablir l’approvisionnement en eau de la ville dans les jours à venir.

Il a également souligné que les niveaux de turbidité enregistrés avaient atteint un pic historique de 2400 NTI, un seuil jamais observé depuis l’entrée en service du complexe Aftout Sahili, il y a quinze ans. C’est cette accumulation exceptionnelle de sédiments, explique-t-il, qui a contraint les équipes techniques – notamment celles de l’entreprise chinoise chargée des travaux – à retarder la remise en route du système.

Mais alors que ces propos laissent entendre que la situation est en voie de stabilisation, d’autres sources, y compris au sein des cercles officiels, affirment de manière catégorique que le problème est d’ores et déjà “totalement résolu” et que le réseau de distribution fonctionne normalement.

En ce début de semaine, de nombreux quartiers de Nouakchott restent toujours sans eau. Certaines zones, notamment dans les arrondissements périphériques, n’ont pas vu d’eau couler des robinets depuis plusieurs jours.

D’autres ne bénéficient que de quelques heures d’approvisionnement nocturne, avec une pression insuffisante. Des scènes de files d’attente autour des camions-citernes sont encore visibles dans plusieurs points de la capitale, où les habitants s’organisent tant bien que mal pour remplir quelques bidons.

Ces contradictions dans la communication des autorités soulèvent de nombreuses interrogations. La crise est-elle vraiment sous contrôle, ou tente-t-on simplement de rassurer l’opinion publique à tout prix ? Pourquoi ces messages divergents entre services techniques et responsables politiques ? Et surtout, pourquoi tant de silence sur la réalité que vivent les ménages ?

Pendant que les discours officiels oscillent entre prudence et excès d’optimisme, une partie de la population continue de vivre au rythme des coupures, des corvées d’eau, et de l’incertitude. Dans une ville où l’accès à l’eau est déjà inégal selon les quartiers, cette crise ne fait qu’accentuer les fragilités existantes.

Tant que la situation ne sera pas rétablie de façon claire et équitable, et tant que l’eau ne coulera pas de manière régulière dans tous les foyers, les promesses et les annonces resteront, pour beaucoup, sans effet.

By Albert C. Diop

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