Présidentielle en Côte d’Ivoire : victoire écrasante d’Alassane Ouattara, selon les premiers résultats

JEUNE AFRIQUE – Les résultats finaux de la présidentielle sont attendus ce lundi en Côte d’Ivoire. Selon les premiers chiffres, le président sortant file, sans surprise, vers un quatrième mandat.

Près de 9 millions d’électeurs étaient appelés à voter le 25 octobre. La Commission électorale indépendante (CEI) a publié au fil de la journée et de la soirée les résultats pour chacun des 111 départements, ainsi que le district d’Abidjan et la capitale Yamoussoukro. La proclamation du président élu est attendue en début d’après-midi.

Dans le Nord, région à dominante malinké, le chef de l’État a fait, comme à chaque présidentielle, carton plein. 98,44 % à Séguela, 99,7 % à Kani ainsi que dans son fief de Kong, 98,1 % à Ferkessédougou ou encore 97,8 % à Sinématiali, à chaque fois avec une participation approchant les 100% dans ces zones rurales du pays.

Dans les zones du sud et de l’ouest, où beaucoup de bureaux étaient déserts, les chiffres de participation étaient plus faibles, mais « ADO » y est aussi en tête, comme dans la commune de Cocody à Abidjan, où moins de 20 % des électeurs se sont déplacés et où le président sortant a recueilli 68 % des voix.

Les félicitations de Jean-Louis Billon

L’un des quatre autres candidats, Jean-Louis Billon, devant ces « premiers résultats », a adressé ses « félicitations au président sortant pour sa réélection ». Il a salué « un climat globalement apaisé » tout en s’inquiétant d’ »un très faible taux de participation, particulièrement dans certaines régions ».

Le chiffre officiel de la participation nationale n’est pas encore connu mais le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert a estimé samedi soir qu’elle devrait « avoisiner les 50 % ».

Ces scores écrasants et le désintérêt d’une partie des Ivoiriens pour le scrutin s’expliquent notamment par l’absence de ses deux principaux rivaux. Ni Tidjane Thiam ni Laurent Gbagbo n’étaient sur les bulletins de vote, tous deux ayant été écartés du scrutin et radiés des listes électorales, le premier pour des problèmes de nationalité, le second pour une condamnation pénale.

De quoi rappeler la dernière élection, en 2020, où Alassane Ouattara avait obtenu 94 % des voix avec une participation légèrement au-dessus de 50 %, dans un scrutin alors boycotté par les principaux opposants. Cette année, quatre adversaires lui faisaient face mais aucun n’a de chance d’arriver à un second tour, faute de soutien d’un grand parti ou de moyens financiers importants.

200 incidents recensés

Si le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme, des incidents ont été signalés dans 2 % des lieux de vote, soit environ 200 endroits, selon un bilan des forces de l’ordre transmis à l’AFP. Des heurts ont éclaté dans plusieurs localités du sud et de l’ouest, mais sans « incidence majeure sur le déroulement du scrutin », selon le ministre de l’Intérieur Vagondo Diomandé.

Selon une source sécuritaire contactée par l’AFP, une personne de nationalité burkinabè est morte dans la région de Gadouan (centre-ouest) dans des affrontements intercommunautaires, samedi après-midi. Vingt-deux autres ont été blessées, par balle ou arme blanche, l’un d’eux, avec le « pronostic vital engagé » a-t-on appris de même source et les forces de sécurité ont été déployées pour ramener le calme. Un adolescent de 13 ans a été tué « par un tir » provenant d’un véhicule de transport en commun à Gregbeu (centre-ouest), selon cette source. Au total, six personnes sont mortes depuis mi-octobre en marge du processus électoral, dont deux le jour du scrutin.

Dans un communiqué, dimanche soir, le Front commun qui regroupe les partis de MM. Thiam et Gbagbo a fait état de sept morts le jour du scrutin. Déplorant une « communauté internationale restée silencieuse » et un régime « qui a érigé la répression et la peur […] en stratégie électorale », il dénie « toute légitimité » à Alassane Ouattara et réclame de nouvelles élections.

L’élection présidentielle est toujours synonyme de tensions politiques et intercommunautaires dans l’esprit de nombreux Ivoiriens, après les scrutins de 2010 (3 000 morts) et 2020 (85 morts). Près de 44 000 membres de forces de l’ordre étaient déployés sur tout le territoire et le pouvoir avait interdit les manifestations du Front commun en octobre, procédant à des centaines d’arrestations pour troubles à l’ordre public notamment.

(Avec AFP)

By Albert C. Diop

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