Le Président Sall a fait ses adieux hier aux dirigeants du monde présents à la tribune des Nations unies, où il a prononcé son dernier discours en revenant sur les urgences du moment comme le recul démocratique, l’insécurité, les changements climatiques…
A New York, le Président Sall a fait hier ses adieux à l’Assemblée générale de l’Onu. Il y a prononcé son dernier discours en tant que chef de l’Etat du Sénégal. «Le 25 février 2024, se tiendra l’élection présidentielle sénégalaise. Comme les précédentes, elle sera démocratique, libre et transparente. Et le 2 avril, je passerai le pouvoir à mon successeur après 12 ans à la tête de notre pays», assure-t-il. Devant la tribune de l’Onu, il a débobiné ses 12 ans passés à côtoyer les différents dirigeants du monde lors de ce rendez-vous annuel qu’il n’a raté qu’à cause de la pandémie du Covid-19. Il dit : «Je voudrais remercier les pays membres de notre organisation pour leur amitié et leur collaboration. Porter la voix du Sénégal, nouer et entretenir des amitiés dans ce concert des nations où s’harmonisent nos efforts communs vers nos fins communes, aura été un grand honneur pour moi. Au nom du Peuple sénégalais, je voudrais dire ma gratitude à tous mes collègues, en les priant d’accueillir mon successeur avec la même amitié et la même considération. Je garderai pour tous les mêmes sentiments d’amitié et d’estime cordiales.» Il espère que son successeur sera logé à la même enseigne : «Je suis confiant que dans la tradition sénégalaise d’ouverture et de dialogue, mon successeur sera fidèle aux relations d’amitié confiante qui unissent notre pays et tous les membres des Nations unies.» Lors de la 78e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies dont le thème est «Restaurer la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action sur l’Agenda 2030 et ses Objectifs de développement durable vers la paix, la prospérité, le progrès et la durabilité pour tous», le Président Sall est revenu sur les urgences de l’heure qui plombent l’avenir de la planète et surtout du continent. Il le dit clairement : «Depuis notre dernière session, l’état du monde ne s’est pas amélioré.» Il y a la peur, la violence, la pauvreté et les inégalités, l’impact économique et social de la pandémie sur de nombreux pays du continent, le réchauffement climatique. Et quoi encore ? «La tragédie de l’émigration clandestine nous rappelle la nécessité de mettre en œuvre le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ; et de poursuivre sans relâche la lutte contre les réseaux criminels qui organisent ce trafic illicite d’êtres humains», assure-t-il.
Il y a la résurgence des coups d’Etat en Afrique, qui reste un sujet de grave préoccupation. «Le Sénégal réitère sa ferme condamnation de toute forme de changement anticonstitutionnel de gouvernement», avance Macky, qui fait référence aux putschs en Guinée, au Mali, au Burkina et au Niger. Mais, ils n’ont rien amélioré dans la situation sécuritaire de leur pays où les attaques terroristes se multiplient dernièrement. «L’urgence de l’heure, c’est aussi le terrorisme qui continue de gagner du terrain en Afrique, sans réaction appropriée du Conseil de sécurité. A maintes reprises, notamment lors de son mandat au Conseil en 2016 et 2017, le Sénégal a alerté sur l’inefficacité des opérations de maintien de la paix en Afrique dont les mandats et les équipements ne répondent guère à la nature des situations», expose le Président sénégalais. Il ajoute : «Il n’y a pas de paix à maintenir là où il s’agit plutôt de la restaurer, en combattant des groupes armés qui pillent et endeuillent au quotidien des populations innocentes, occupent des territoires entiers et menacent des Etats dans leur existence. Les péripéties tumultueuses de deux missions de paix en Afrique sont édifiantes à ce sujet.» Au 31 décembre, la Minusma va quitter le Mali. Quid de la guerre en Ukraine ? «Nous appelons à la désescalade et au règlement pacifique» de ce conflit qui a un impact sur la plupart des économies mondiales. A l’Onu, il a renouvelé le «soutien au droit du Peuple palestinien à un Etat viable, coexistant pacifiquement avec l’Etat d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues».
Haro sur les coups d’Etat !
Aujourd’hui, Macky Sall plaide le développement «des relations confiantes, solidaires et inclusives» entre les différents pays. Une façon de demander une révision du multilatéralisme ? «Le Sénégal reconnaît les services appréciables que le système des Nations unies et celui de Bretton Woods rendent aux pays membres depuis près de quatre-vingts ans. Mais nous savons tous que le système multilatéral, héritage d’un passé révolu, est devenu obsolète. Or, comme l’a justement alerté le Secrétaire général Antonio Guterres, un système qui continue d’ignorer les réalités de son temps et les besoins de plus de trois quarts de ses pays membres, accentue les inégalités, génère les conditions de sa contestation et provoque le risque de sa fragmentation», alerte Macky Sall. Pour lui, il est temps de «réformer la gouvernance politique, économique et financière mondiale, afin qu’elle soit plus représentative de la diversité et conforte ainsi sa légitimité. Nous pouvons y arriver si nous y mettons la volonté politique nécessaire. Le G20 l’a montré en admettant l’Union africaine comme membre de plein droit». Après ce succès diplomatique, il espère que l’Afrique sera admise dans d’autres cercles. «Nous souhaitons que l’exemple d’inclusion ainsi donné par le G20 soit suivi par le Conseil de sécurité et les institutions de Bretton Woods, pour un multilatéralisme plus représentatif des intérêts de tous ses membres. De même, le Sénégal reste attaché à la vision de relations internationales apaisées, fondées sur l’égale dignité des peuples, des cultures et des civilisations, rappelle Macky. Voilà, pour le Sénégal, ce qui doit fonder un universalisme revitalisé, plus ouvert et plus efficace dans la prise en charge des défis de notre temps.» Comme l’urgence climatique et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat ? Il a fait le point sur les investissements consentis par le Sénégal dans la réalisation d’infrastructures sobres en carbone et résilientes au changement climatique comme le Ter et le Brt.