Boghé Infos : Dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 juillet 2023, une pluie diluvienne atteignant 125 mm a troublé le sommeil des centaines d’habitants du quartier Mousafrine situé dans la banlieue nord-est de Boghé non loin du Carrefour. Cette zone située sur une cuvette était naguère inondée mais à la faveur des longues années de sécheresse consécutives, elle a dû être distribuée puis occupée par plusieurs personnes issues des quartiers de Boghé Escale, Boghé Dow et Nioly voire des localités environnantes. Les premiers occupants de ce bassin versant furent les rapatriés du Sénégal en 1989 d’où le nom « mousafrines » attribué au quartier. Par la suite, en septembre 1999, après une pluie diluvienne qui avait fait 112 mm, les occupants avaient dû déguerpir en raison des inondations. A l’époque, la plupart des constructions étaient en banco. Après cette catastrophe, ces derniers ont revendu leurs terrains avant de s’installer ailleurs. Les nouveaux occupants y ont alors construit pour la plupart des maisons cossues de grande valeur faisant fi de la nature géomorphologique du terrain.
Depuis ces trois dernières années, à la faveur des changements climatiques, le quartier est à nouveau le théâtre d’inondations catastrophiques obligeant certains habitants à déguerpir durant toute la saison des pluies. Cette fois, la catastrophe a touché l’écrasante majorité des habitants en raison du cumul des pluies : en effet, entre le 19 et le 26 juillet, la ville de Boghé a enregistré trois pluies successives de 97 mm au total ; la dernière pluie enregistrée dans la nuit du dimanche à lundi n’a fait qu’enfoncer le clou portant le cumul à 222 mm en 12 jours (fait rarissime depuis de longues années
Dès lundi matin, des centaines de personnes ont érigé des barricades sur la route menant vers Aleg pour montrer leur colère et leur désarroi invitant les autorités à leur venir en aide. Le Hakem de Boghé, M. El Moctar Mbareck Ahmed Cheikh, accompagné du Maire Bâ Adama Moussa et des responsables locaux de la sécurité, s’est rendu sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Dès son arrivée, il a été accueilli par des cris de colère de centaines de sinistrés en désarroi qui déplorent « le laxisme des pouvoirs publics qui les ont abandonnés à leurs sorts depuis plus de 3 ans ». Ils exigent « la construction d’une digue de protection ou d’un dispositif d’évacuation des eaux pour mettre fin à leur calvaire ». En attendant, ils réclament de nouveaux sites d’habitation. Le Chef de l’exécutif départemental a promis de transmettre leurs doléances aux autorités concernées. Quant au Maire, il est resté aux côtés des sinistrés jusque tard dans la nuit pour les aider à sortir leurs bagages dans la boue sous une chaleur accablante.
Mardi, le ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, M. Ismaïl O. Abdel Vettah accompagné du Wali du Brakna, M. Mohamed O. Saleck s’est rendu sur les lieux pour s’enquérir à son tour de la situation. Une équipe technique du génie militaire dotée de matériels (pelles, tuyaux et motopompes) est déployée sur les lieux pour mettre en place un dispositif d’évacuation des eaux et construire des digues de protection. L’électricité est coupée depuis dimanche dans la zone inondée ainsi que dans le quartier mitoyen du Château d’eau car le poste de transformation qui les dessert est sous les eaux. Ses habitants doivent encore prendre leur mal en patience jusqu’à la fin des travaux avec tout ce que cela implique comme désagréments. Quant aux sinistrés, ils ont reçu des kits alimentaires (230 au total) et relogés dans des écoles ou dans les environs de la ville. Le pompage des eaux a débuté cet après-midi et doit se poursuivre dans un délai indéterminé.
Dia Abdoulaye