Lequotidien

Après l’Assemblée nationale, Barth’ va perdre la mairie de Dakar. Il lui sera notifié sa révocation ce vendredi. Une semaine noire ! Par Bocar SAKHO –

Même agitée par les responsables de Pastef, la nouvelle va avoir l’effet d’une bombe politique. Le régime a décidé de dépouiller Barthélemy Dias de tous ses mandats électifs : après sa radiation de l’Assem­blée nationale, il sera révoqué de la mairie de Dakar aujourd’hui. Il va recevoir la notification de la décision par le Préfet de Dakar. Hier, l’info sur sa convocation par la police avait circulé dans la journée, mais il ne s’agissait nullement d’une quelconque audition : l’autorité voulait lui remettre un document administratif frappé du sceau de la confidentialité que tout le monde devinait dans son entourage. Elle le fera à la mairie de Dakar très tôt ce vendredi, alors que l’édile de Dakar avait prévu de faire des visites de chantiers éducatifs et stratégiques dans sa ville, suivies d’un point de presse.

Aujourd’hui, ce programme va être chamboulé avec ce décret de révocation pris de manière accélérée. Il clôt un chapitre d’inimitié entre Barth’ et les nouvelles autorités. En attendant la prochaine bataille ? En tout cas, c’est une amitié décomposée à l’aune des intérêts politiques. Entre Sonko et Dias, ce fut le parfait amour du temps de Yewwi askan wi. Ton pied, mon pied, ils ont mené ensemble des combats politiques pour se défendre réciproquement dans le cadre du traitement de certains dossiers judiciaires qui les concernaient. Finalement, l’entente filiale ou fraternelle a volé en éclats avec l’organisation du dialogue national, qui a abouti à la candidature de Khalifa Sall à la Présidentielle du 24 mars dernier.

En homme politique avéré, il voyait sans doute venir ? Hier, le maire de Dakar avait libéré un chèque de 25 millions F Cfa pour payer les dommages et intérêts dus à la famille de Ndiaga Diouf tué lors de l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur dirigée à l’époque par Dias-fils, qui avait échappé à une expédition punitive de nervis libéraux en 2011. Il avait été condamné à 6 mois ferme confirmé en appel et par la Cour suprême. C’est cette affaire qui le rattrape aujourd’hui et que l’Etat a décidé de réactiver pour le déchoir de ses mandats électifs. Lors de sa conférence de presse tenue le 9 décembre dernier, Barthélemy Dias affichait clairement son intention de rester à la tête de la Ville de Dakar. Avec des arguments à l’appui. «L’article 135 du Code général des collectivités territoriales stipule que la révocation d’un maire est possible uniquement en cas de condamnation pour crime. Or, j’ai été condamné pour un délit, pas pour un crime», précisait M. Dias. Il dénonce les «manœuvres» visant à le démettre de ses fonctions. «Ceux qui cherchent à manipuler les textes pour justifier une éventuelle destitution, je leur fais savoir dès maintenant que cela n’arrivera pas. Je n’irai pas plus loin, mais nous ne céderons pas d’un millimètre», martelait-il. La messe est dite.
bsakho@lequotidien.sn

By Albert C. Diop

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