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Le tableau de bord pour un renouveau de l’Administration a été affiché hier par le président de la République, à l’occasion de la toute première édition de la Conférence des administrateurs et managers publics (Camp). Plus d’efficacité et d’orthodoxie, de la rigueur et un contrôle strict des ressources, une revitalisation de la décentralisation et de la déconcentration ….  Bassirou Diomaye Faye s’engage.Par Alioune Badara NDIAYE  –

Les secteurs public et parapublic toussotent, étranglés qu’ils sont par des tares chroniques. Celles-ci ont pour noms un Etat contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus, une Administration républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés, un secteur parapublic hypertrophié, doublonnant souvent l’Administration centrale et des services publics complexes et coûteux qui limitent l’efficacité des politiques publiques : «D’abord, un Etat contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus, une Administration républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés, alors même que les réalités socio-économiques évoluent rapidement, marquées notamment par la transformation numérique et l’essor de l’Intelligence artificielle.»

C’est le panorama dressé hier par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui s’est engagé pour un tableau beaucoup plus reluisant.  «Il est impératif de refonder notre Administration, pour la rendre plus moderne, plus proche des citoyens et plus efficiente dans ses missions», a-t-il indiqué hier à l’ouverture de la Conférence des administrateurs et managers publics (Camp), une rencontre qui se veut annuelle. Pour y arriver, le Président Faye compte dérouler une batterie de mesures et actions pour un environnement propice. «Une gouvernance exemplaire demeure une gouvernance intransigeante sur la loyauté et l’intégrité des acteurs. Une gouvernance marquée par le sens élevé de l’Etat, l’exigence de transparence, la lutte contre la corruption, la reddition des comptes et l’impartialité dans la conduite de l’action publique», a-t-il tenu à rappeler, le ton ferme, aux membres du gouvernement, directeurs et administrateurs présents dans la salle du Cicad, non sans esquisser les contours de la revitalisation de la décentralisation ainsi que de la déconcentration. «Repenser la déconcentration, c’est évaluer la mise en œuvre de la charte de la déconcentration de 2020, c’est évoluer vers une nouvelle doctrine de déconcentration plus avancée, qui impulse un Etat central cohérent dans son organisation et ses processus de prise de décision et d’action», a-t-il indiqué, engageant le Premier ministre à, dans cette voie, définir un nouveau dispositif d’approfondissement de la déconcentration au sein des ministères et au niveau territorial. «Parallèlement, nous devrons revitaliser la décentralisation en réexaminant le découpage administratif, les compétences transférées et la fiscalité locale, tout en prévoyant des mécanismes de financement plus adaptés aux besoins des collectivités», a ajouté le Président Faye, rappelant que ce travail se fera avec les élus locaux et les acteurs territoriaux aux fins de «promouvoir une subsidiarité efficace et un développement territorial équilibré».  A ce chapitre des territoires, le chef de l’Etat a annoncé l’activation des pôles cette année. «Afin de mieux répondre aux attentes de nos populations et stimuler le développement local, nous allons, dès cette année 2025, activer les pôles économiques, assises stratégiques de la territorialisation des politiques publiques», a-t-il souligné en cela, rappelant que la finalité est d’accompagner l’industrialisation de nos territoires et le développement de filières stratégiques créatrices d’emplois. «Un Etat stratège confère des délégations à des entités publiques, mais veille à l’exemplarité de leur gouvernance et à leur performance», a-t-il assuré, revenant sur le secteur parapublic qui désormais sera astreint à plusieurs obligations.

«Je demande au Premier ministre d’assurer l’application rigoureuse de la loi d’orientation du 19 avril 2022 relative au secteur parapublic qui vise à mieux cerner le portefeuille de l’Etat, à maîtriser la gestion des ressources publiques et à vérifier la pertinence des interventions du secteur parapublic», a insisté le Président Faye. «Je rappelle l’exigence pour les organes délibérant et exécutif des entités du secteur parapublic de s’en tenir strictement à leurs prérogatives», a-t-il poursuivi. Et, d’enchaîner : «A ce titre, je demande aux conseils d’administration et aux directions générales de soumettre, sans exception, leurs choix stratégiques aux ministères compétents, grâce à la tenue systématique de pré-conseils.  Les comptes rendus de ces réunions seront communiqués en détail au Premier ministre et au président de la République. Il en va de même pour les décisions de recrutement et de rémunération. Celles-ci feront l’objet d’un encadrement réglementaire strict, afin de préserver à la fois la cohérence des politiques publiques et la soutenabilité des finances de l’Etat.» Il est concomitamment question dans cette nouvelle approche d’une évaluation et d’une actualisation de la doctrine de gestion du portefeuille de l’Etat par le ministre des Finances et du budget, ainsi que le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération. «Cette révision se justifie par les risques économiques, budgétaires et financiers que certaines entreprises publiques d’envergure peuvent faire peser sur nos ressources nationales», a motivé le chef de l’Etat, qui n’a pas manqué de dresser une liste, qu’il a dit non exhaustif, d’entreprises stratégiques méritant un contrôle rigoureux et permanent de leurs activités et de leurs performances. Parmi celles-ci, la Senelec, Petrosen, la Sar, Air Sénégal, le Fonsis, La Poste, le Port autonome de Dakar dont le mode de gouvernance devra être renforcé. «J’ai déjà requis du chef du gouvernement, la réactivation du Comité interministériel de suivi et de restructuration des entreprises en difficulté. Celui-ci aura pour tâche d’identifier les failles de gestion et de proposer des solutions pérennes», a aussi noté le Président Faye à ce registre. Le président de la République a par ailleurs annoncé la création d’une agence nationale de centralisation de la Commande publique pour une meilleure rationalisation des dépenses de l’Etat et le lancement, le 24 février, du «new deal technologique» dans cette volonté d’ancrer la modernisation de l’Administration. C’est par une Administration efficace que passera le renouveau du Sénégal, a laissé entendre le Premier ministre, qui a prononcé le mot de clôture. Ce qui va changer fondamentalement dans cette transformation systémique, ce seront des structures et procédures, a-t-il insisté, assurant qu’il va veiller au tableau de bord pour une Administration efficace et au service des populations.
abndiaye@lequotidien.sn

By Albert C. Diop

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