Samuel Benshimon SaheL-INTELLIGENCE .COM

D’après le gouverneur de la province de Cibitoke au Burundi, Carême Bizoza, le stade de Rugombo abritait, au 22 février 2025, plus de 12 000 réfugiés congolais, dont près de 9 000 femmes. Des milliers d’autres se trouvent dans le centre de transit de Gihanga, situé dans la province voisine de Bubanza, également frontalière de la République Démocratique du Congo (RDC).
Pour atteindre le Burundi, la majorité de ces réfugiés ont traversé la rivière Rusizi et le lac Tanganyika, qui forment une grande partie de la frontière entre les deux pays. La frontière terrestre, située au nord-est de la RDC et au nord-ouest du Burundi, ne mesure qu’environ 40 kilomètres.
En seulement deux semaines, plus de 42 000 réfugiés congolais avaient franchi la frontière, selon le bureau de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Bujumbura, au 21 février 2025. Face à cette situation d’urgence, les autorités burundaises ont demandé le soutien des partenaires humanitaires pour faire face à l’afflux massif de réfugiés.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec des partenaires comme la Croix-Rouge, le HCR et d’autres organismes afin de fournir une aide d’urgence », a déclaré Carême Bizoza à Anadolu. En attendant une aide internationale, certains habitants de Rugombo apportent un soutien direct aux réfugiés, leur offrant de l’eau, de la nourriture ou des produits d’hygiène.
Lors d’une conférence de presse à Bujumbura le 19 février, Brigitte Mukanga-Eno, représentante du HCR au Burundi, a affirmé que cet afflux de réfugiés congolais représente « la plus grande vague de réfugiés que le Burundi ait connue depuis le début des années 2000 ».
Selon le HCR, l’attaque menée par les rebelles du M23 au Sud-Kivu, une province de l’est de la RDC, a entraîné un afflux massif de réfugiés vers le Burundi ces derniers jours. Dans un communiqué publié fin février, le HCR a indiqué qu’au moins 35 000 personnes avaient franchi la frontière depuis l’est du Sud-Kivu, principalement originaires de la région de Bukavu, la capitale provinciale, qui est désormais sous le contrôle du M23.
Le M23, un groupe rebelle formé en 2012 par des soldats dissidents de l’armée congolaise, est accusé par Kinshasa d’être soutenu par le Rwanda dans le but d’accéder aux ressources minières de la région.
Ces accusations sont corroborées par des rapports des agences onusiennes, qui pointent l’aide militaire rwandaise au M23. Pour le gouvernement congolais, le M23 est considéré comme un groupe « terroriste », et toute forme de négociation avec ce mouvement est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda, quant à lui, rejette ces accusations, affirmant que le M23 est un groupe de rebelles congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, une langue rwandaise. Kigali conteste également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son territoire en 2012-2013, avant de remettre leurs armes aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, « la question du M23 représente une menace sécuritaire ». Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a d’ailleurs déclaré dans une interview à Africa 24 que « la RDC, en assimilant systématiquement le M23 au Rwanda, a constitué une large coalition militaire incluant des soldats burundais, des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des membres des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui sont des génocidaires ».
Selon Nduhungirehe, cette coalition aurait pour objectif de renverser le gouvernement rwandais.