Dialogue politique : quatre députés dénoncent une manœuvre d’exclusion

SHEMS MAARIF – Quatre députés ont exprimé leur scepticisme face au dialogue politique en préparation, estimant qu’il a démarré sous de mauvais auspices. Dans un communiqué commun, ils dénoncent une opération de communication visant, selon eux, à donner une fausse impression d’inclusivité, alors qu’une part importante de l’opposition serait tenue à l’écart.

Signé par Mohamed Bouya Ould Cheikh Mohamed Fadel, Khally Diallo, Yahya Ould Loude et Mohamed Lemine Sidi Maouloud, le document affirme que la présentation du dialogue comme étant boycotté uniquement par deux partis est une “manipulation de l’opinion publique et du Président de la République”.

Les parlementaires soulignent que le coordinateur du dialogue lui-même a reconnu, dès le premier jour, ne pas connaître l’ensemble des acteurs politiques, ce qui, selon eux, remet en cause la crédibilité du processus. « La liste des forces politiques écartées est bien plus longue que ce qui est officiellement reconnu », affirment-ils.

Ils critiquent également le manque de sérieux et d’inclusivité du processus engagé, qu’ils qualifient de “dialogue de façade”. À leurs yeux, un véritable dialogue devrait avant tout aborder les causes profondes de la corruption, lutter contre la mauvaise gestion des ressources publiques et mettre un terme à l’impunité.

« Nous avons suivi avec attention ce qu’on appelle ‘dialogue national inclusif’, mais dès le départ, il a manqué des conditions de sérieux. Nous l’avons signalé, car des débuts viciés ne peuvent produire de bons résultats », rappellent-ils.

Les signataires du communiqué maintiennent la position exprimée lors de leur première déclaration sur le sujet. Ils estiment que le régime actuel n’a pa
s fait preuve de volonté politique réelle pour engager un dialogue sincère, citant des expériences antérieures marquées par des reculs sur les engagements pris.

Les députés dénoncent également une tentative de détourner l’attention de la population mauritanienne de la “grande affaire de corruption révélée par les derniers rapports de la Cour des comptes”. Ils refusent ce qu’ils appellent des « discussions superficielles » et des « manœuvres politiques creuses », visant à étouffer des révélations jugées accablantes.

« Ces rapports ne peuvent être ignorés ou classés. Le peuple est déterminé à poursuivre la pression pour traduire les corrompus en justice et récupérer les fonds détournés », affirment-ils.

Pour les députés, l’urgence n’est pas un nouveau dialogue politique, mais une lutte frontale contre la corruption, qu’ils considèrent comme le principal mal qui mine l’État, détruit la confiance dans les institutions et hypothèque tout espoir de développement.

Le communiqué conclut sur un ton ferme : « Le peuple mauritanien ne se laissera pas tromper une fois de plus par des démarches cosmétiques. La réforme commence par la reconnaissance du mal, la poursuite des responsables, non par leur blanchiment ou leur récompense par des postes.

By Albert C. Diop

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