intelligence – sahel Samuel Benshimon

En pleine tension préélectorale, l’exécutif ivoirien interdit tout rassemblement politique en dehors du cadre électoral. les autorités ont décidé de geler temporairement l’espace public politique. Le gouvernement a annoncé, vendredi 18 octobre, l’interdiction des meetings et manifestations publiques organisés par les partis ou groupements politiques sur toute l’étendue du territoire national, et ce pour une durée de deux mois.
La décision, actée par un arrêté conjoint du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, ne concerne toutefois pas les activités directement liées à la campagne présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025. Les meetings et manifestations publiques des partis ou groupements politiques sont interdits sur toute l’étendue du territoire national, à l’exception de ceux inscrits dans le cadre du processus électoral. Les contrevenants à cette mesure s’exposent à des poursuites judiciaires, selon les termes de l’arrêté.
Cette interdiction intervient dans un contexte tendu, marqué par une série de manifestations de l’opposition depuis le 11 octobre. Plusieurs villes du pays ont été le théâtre de mobilisations contre la candidature controversée du président Alassane Ouattara à un quatrième mandat.
Selon le Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, ces protestations ont été violemment réprimées. Le parti affirme que deux personnes ont perdu la vie, dont un bébé de deux ans, victime d’asphyxie à la suite de tirs de gaz lacrymogènes à Abié, dans le département d’Adzopé. Le PPA-CI fait également état d’une trentaine de blessés et de plus de 700 interpellations, dont 65 personnes placées sous mandat de dépôt à la prison d’Abidjan (ex-MACA).
Face à cette escalade des tensions, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a appelé, dans un communiqué publié vendredi, à la retenue. L’institution nationale exhorte les acteurs politiques à privilégier les voies légales d’expression et demande l’ouverture d’enquêtes sur les atteintes présumées aux droits de l’homme.
Le CNDH appelle également les autorités à « garantir la protection des citoyens tout en préservant un climat apaisé, favorable à une élection présidentielle sereine ». Par ailleurs, il condamne « les actes de défiance envers les institutions républicaines » et invite les populations à préserver la paix et les acquis démocratiques.
Au pouvoir depuis 2010, le président Alassane Ouattara a officialisé, en début d’année, sa candidature pour un quatrième mandat. Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures pour le scrutin du 25 octobre 2025, dont celle du président sortant.
En amont du scrutin, le Conseil national de sécurité a ordonné le déploiement de 44 000 membres des forces de sécurité à travers le pays, avec pour mission de maintenir l’ordre public.