
Le jeudi 30 octobre 2025, les Forces armées maliennes (FAMa) ont assuré sans incident l’acheminement d’un convoi de vingt citernes d’hydrocarbures vers Gao, en provenance de Labbezanga, à la frontière du Niger.
Baptisée « Siradjè » — un mot bambara signifiant bonne route —, l’opération lancée par la FAMa vise à garantir l’approvisionnement régulier en carburant du nord du pays, frappé depuis octobre par une sévère pénurie paralysant plusieurs régions.
Située à plus de 1 200 kilomètres de Bamako, la région de Gao dépend presque exclusivement du corridor Labbezanga–Gao pour son ravitaillement en produits pétroliers.
Ce tronçon stratégique, désormais placé sous surveillance militaire permanente, traverse une zone où opèrent plusieurs groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, rendant le transport de carburant particulièrement périlleux.
L’escorte, composée de véhicules blindés et d’unités spéciales, a accompagné les citernes jusqu’à Gao, où elles ont été réceptionnées par les autorités locales et les opérateurs économiques.
Depuis la mi-octobre, le commandement militaire, en collaboration avec la Chambre de commerce et les transporteurs, multiplie ces convois sécurisés pour éviter une rupture totale d’approvisionnement dans les grandes villes du Nord.
D’autres opérations similaires sont prévues dans les prochains jours afin d’assurer la continuité du service et de stabiliser la distribution.
Pour de nombreux commerçants de Gao, cette arrivée de carburant représente une véritable « bouffée d’oxygène » pour les activités économiques, alors que les stations-services de la ville faisaient face à des files d’attente interminables.
Cette initiative intervient dans un contexte de crise énergétique nationale aggravée par des difficultés logistiques sur les principaux corridors d’importation.
Pays enclavé, le Mali dépend du transport terrestre depuis les ports d’Abidjan, de Dakar et de Conakry.
Le ralentissement du trafic à Abidjan et les blocages persistants au Sénégal ont réduit les volumes disponibles, poussant les autorités à renforcer la voie nigérienne, plus directe vers le Nord.
Pour le commandement de la région militaire de Gao, l’opération Siradjè illustre la nouvelle stratégie d’escortes actives visant à sécuriser les flux essentiels.
Outre la protection des convois, les forces armées assurent désormais un appui logistique et des patrouilles régulières le long de l’axe afin de prévenir les embuscades et les sabotages.
Selon des sources locales, ces mesures ont permis, depuis deux semaines, un retour progressif du carburant sur le marché et une reprise partielle des transports publics.
Les autorités militaires ont réaffirmé leur volonté de poursuivre ces opérations jusqu’à la stabilisation complète du ravitaillement.
Dans cette région éprouvée par l’insécurité, chaque citerne livrée symbolise la résilience d’une population qui continue de s’appuyer sur ces routes vitales pour sa survie économique et sociale.
MD/te/Sf/APA