
La situation tendue à Héré Kélléré (Harré Goleré), dans la moughataa de Bababé, continue de provoquer de vifs échanges sur la scène politique nationale. Un communiqué publié par le député Khali Mamadou Diallo met directement en cause le ministère de l’Intérieur, tandis que d’autres voix dénoncent une présentation biaisée d’un conflit local.
Dans son texte, le député affirme avoir alerté “à plusieurs reprises” le ministre de l’Intérieur au sujet des tensions croissantes dans la zone, expliquant s’être rendu à plusieurs reprises sur place pour écouter les habitants et constater la détérioration de la situation. Selon lui, l’absence de mesures préventives aurait permis aux tensions de dégénérer jusqu’à entraîner des affrontements violents entre Haratines et Peuls, au cours desquels plusieurs personnes auraient été grièvement blessées. Il qualifie cette escalade de “tragédie évitable” et appelle à la démission du ministre de l’Intérieur, estimant que son silence et son inaction ont ouvert la voie au chaos. Il exhorte par ailleurs l’État à rétablir rapidement l’ordre, sécuriser les zones affectées et trouver une solution juste et durable.
La publication du communiqué a toutefois provoqué des réactions critiques. Certains observateurs estiment que le député a transformé un simple différend foncier dans une zone agricole de Bababé en un conflit à caractère ethnique. Selon eux, la résolution de ce type de litige relève de l’administration ou de la justice, et non d’une politisation publique accompagnée de la diffusion d’images censées illustrer les victimes des tensions. Ils reprochent à l’élu d’avoir aggravé les tensions en privilégiant une lecture ethnique plutôt qu’une démarche d’apaisement.
Ces critiques soulignent également une contradiction dans la prise de position du député : après avoir rendu les autorités entièrement responsables de la situation, il conclut pourtant en appelant l’État à prendre des mesures urgentes, ce qui affaiblirait, selon eux, la cohérence de son argumentaire. Certains y voient aussi le signe des fragilités internes au sein de mouvements politiques fondés sur des discours identitaires, dont les alliances pourraient se fissurer lorsque leurs intérêts divergent.
Si l’ampleur exacte des affrontements reste encore à préciser, l’affaire illustre la sensibilité de certains litiges locaux susceptibles de prendre une dimension nationale lorsque les équilibres sociaux sont en jeu. Les autorités n’ont pour l’heure pas réagi officiellement au communiqué du député