RFI Afrique – Au Sénégal, les participants au dialogue national initié par le président du pays se sont accordés sur le fait que Karim Wade et Khalifa Sall, deux figures de la politique condamnées respectivement en 2015 et 2018, puissent se présenter à la présidentielle de février 2024.
Un scrutin au sujet duquel le chef de l’État, qui en est à son deuxième mandat, n’a pas encore déclaré ses intentions. Macky Sall a en revanche évoqué cette échéance devant des partisans, ce 21 juin 2023 à Paris. Explications.
Au Sénégal, Karim Wade et Khalifa Sall pourront-ils être candidats à la présidentielle prévue en février 2024 ? Oui, répond la Commission politique du dialogue national, initiée par le président Macky Sall ; des discussions boycottées par une partie de l’opposition, dont Ousmane Sonko.
Karim Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait été condamné en 2015 pour enrichissement illicite, et Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, en 2018 pour « escroquerie sur les deniers publics ».
Au dialogue national, un consensus a ainsi été trouvé sur la possibilité pour ceux qu’on surnomme parfois « les 2 K » de participer à ce scrutin.
« Ils ont la possibilité maintenant de se présenter »
Leurs candidatures avaient été retoquées par le Conseil constitutionnel pour la présidentielle de 2019 du fait de leurs condamnations. Karim Wade et Khalifa Sall avaient tous deux bénéficié d’une grâce présidentielle.
Les délégués au dialogue national – du pouvoir, de l’opposition, de la société civile et des « non-alignés » –, représentés par Déthié Faye, se sont accordés sur une modification du code électoral : « C’est l’article L28. Nous avons ajouté la grâce présidentielle comme étant un moyen aussi pour qu’on ne puisse pas refuser à un citoyen de figurer sur les listes électorales. Ils ont la possibilité maintenant de se présenter. »
Pour Nafissatou Diallo, porte-parole du PDS, Karim Wade est de toute façon bel et bien « électeur et éligible » depuis 2020, le délai de 5 ans après une condamnation ayant expiré. Le parti réclame une révision du procès du fils de l’ancien président. Demande « actée » par les délégués au dialogue, affirme la députée.
Concernant le cas d’Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, condamné le 1er juin à 2 ans de prison ferme, il reste en suspens.
Les conclusions du dialogue, attendues au plus tard le 24 juin, devront au final être validées par le chef de l’État.
Il n’y a par ailleurs pas eu de consensus sur la question d’une éventuelle troisième candidature du président Macky Sall pour 2024 : chaque camp est resté sur sa position.
À Paris, Macky Sall évoque 2024 devant des militants
Alors qu’une déclaration à la nation de Macky Sall est très attendue après les violences meurtrières qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko, le chef de l’État est en France pour le sommet « sur un nouveau pacte financier mondial ».
Il a rencontré le 21 juin 2023 la diaspora et a relancé le débat sur une éventuelle candidature.
Une vidéo du président devant ses militants à Paris a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, mais également par la présidence à Dakar. « Le Sénégal suscite la convoitise », dit-il, alors que le pays s’apprête à exploiter le gaz et le pétrole. « Vous avez vu les démarches de provocation », « d’intimidations » contre le pays. « Je peux garantir que ces tentatives seront vaines », affirme le chef de l’État. Et il ajoute : « Nous nous maintiendrons au pouvoir », « restez unis, restez mobilisés. Nous aurons à faire, beaucoup à faire pour aller vers la marche du progrès et la victoire en 2024 ».
Ce n’est pas une annonce officielle de candidature, mais une nouvelle allusion à ce débat crucial en vue de l’élection présidentielle prévue dans 8 mois. Pour l’opposition, un troisième mandat ce serait une « ligne rouge », dans un climat politique déjà électrique.
Macky Sall a promis de s’adresser à la nation après les conclusions du dialogue national attendues ce week-end, mais « il reste maître du jeu » pour se déclarer, indique simplement son entourage, avec comme date limite le début de la procédure de parrainages des candidats, qui devrait débuter fin août.
Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac