Les militaires putschistes qui ont mis « fin au régime en place » au Gabon, ce 30 août 2023, en destituant le président sortant Ali Bongo Ondimba, ont placé à leur tête le chef de la Garde républicaine, le général Brice Oligui Nguema. Un haut gradé qui gravite depuis longtemps dans le premier cercle du pouvoir. Présentation.

Cette capture d'écran d'une vidéo prise par Gabon 24 le 30 août 2023 montre des soldats gabonais transportant le général Brice Oligui Nguema (au centre), chef de la garde présidentielle du président Ali Bongo Ondimba.
Cette capture d’écran d’une vidéo prise par Gabon 24 le 30 août 2023 montre des soldats gabonais transportant le général Brice Oligui Nguema (au centre), chef de la garde présidentielle du président Ali Bongo Ondimba. AFP – –

Par :RFI

Le général Oligui Nguema a pris la tête du Gabon, ce 30 août 2023. C’est un haut gradé qui gravite depuis longtemps dans le premier cercle du pouvoir.

Fils d’officier, Brice Clotaire Oligui Nguema a été formé au Maroc, pays très proche du Gabon, avant de se faire remarquer et de devenir aide de camp d’Omar Bongo, président du Gabon de 1967 à 2009. Brice Clotaire Oligui Nguema le reste jusqu’au décès du président, en juin 2009. Ali Bongo succède alors à son père mais la carrière de l’officier prend un tournant. Il est envoyé à l’étranger, comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc puis au Sénégal. Un éloignement que Brice Clotaire Oligui Nguema aurait mal vécu, ressenti comme un exil forcé, indiquent de bonnes sources.

« On sait que, quand Ali Bongo a été élu, il y a eu des conflits entre lui et le général Oligui, souligne Florence Bernault, professeure et chercheuse au Centre d’histoire de Sciences Po, historienne et spécialiste de l’Afrique centrale. Donc, il a été nommé dans divers postes diplomatiques pendant un petit moment à partir de 2009 ».

Bergès Mietté, chercheur au laboratoire Les Afriques dans le monde, affirme, de son côté : « Après l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir, Brice Oligui Nguema avait été accusé d’avoir pris part à une tentative de coup d’État fomentée par le général Ntumpa [en 2009, Ndlr]. Mais sauf que sa responsabilité dans ce coup d’État n’avait pas été établie lors du procès tenu à Libreville. C’est à ce moment-là qu’il avait été démis de ses fonctions, plus ou moins, et qu’il avait été envoyé à l’ambassade du Gabon au Sénégal, comme attaché militaire. »

Rappelé à Libreville après l’AVC d’Ali Bongo

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Dix ans plus tard, après l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguema, alors colonel, revient au pays et au premier plan. Il remplace Frédéric Bongo, demi-frère du président, à la tête des renseignements de la garde républicaine et ses bérets verts.

En 2020, on découvre que le militaire ne manque pas de moyens : une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, un groupement d’enquêteurs, révèle que Brice Clotaire Oligui Nguema possède ainsi plusieurs propriétés aux États-Unis, d’une valeur totale d’un million de dollars. En 2018, il aurait par exemple payé en cash 447 000 dollars pour acheter une propriété dans la ville de Silver Spring.

Six mois après son retour de l’étranger, il avait pris le commandement de la Garde Républicaine où il avait renforcé le dispositif de protection autour du chef de l’État. Il avait pour mission de diriger la garde prétorienne d’Ali Bongo et de veiller sur lui. Il a finalement décidé de le faire chuter.

Au journal Le Monde, il a justifié un peu plus tôt ce mercredi : « Vous savez qu’au Gabon il y a une grogne et, au-delà de cette grogne, il y a la maladie du chef de l’État. Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités. »

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By Albert C. Diop

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