RFI Les autorités de la transition ont reçu jeudi 31 août une dizaine de responsables religieux pour évoquer la situation au Gabon. Le même jour, le général Oligui Nguema a aussi rencontré le patronat avec lequel il a évoqué des réformes à effectuer dans le pays.
Par :Sébastien Németh
La rencontre a duré une quarantaine de minutes. Dans l’assistance, plusieurs centaines de personnes, principalement des chefs d’entreprise et des militaires.
Le général Oligui Nguema a donc reçu la Fédération des entreprises (FGE) et son président Henri-Claude Oyima, jeudi au palais présidentiel. Le patronat lui avait fait des propositions de réformes, treize doléances. Il en a retenu quatre : « Le règlement de la dette intérieure par la mise en place du Club de Libreville, même si par le passé à la Direction générale des services spéciaux (DGSS), nous avons enquêté sur le Club de Libreville et nous avons trouvé plusieurs irrégularités, je le sais parce que j’ai été enquêteur dessus ; la restauration de la journée comptable du Trésor pour mettre fin aux petites combines entre copains et coquins ; l’appel systématique au système bancaire lorsqu’il s’agira de financer nos projets ; la mise sous gestion du secteur privé des deux caisses que sont la CNAMGS et la CNSS, afin de mettre fin à la souffrance de nos compatriotes. Je veux que cela soit effectif dès maintenant. »
Le général parle du Club de Libreville. Il avait été mis en place par le patronat comme groupe de pression pour payer la dette intérieure, c’est-à-dire l’argent que l’État doit aux entreprises. Ce sont des arriérés énormes. Il évoque aussi la CNAMGS, la caisse d’assurance maladie. Et la CNSS, la Sécurité sociale qui sert à verser les pensions de retraite. Ce sont les cotisations patronales et salariales qui font vivre ces deux caisses. Or depuis toujours, ce sont des organismes publics. L’État en nomme les dirigeants.
Des caisses de la CNSS et CNAMGS à assainir
« Les mesures ont été bien accueillies par l’assistance », selon un témoin direct, présent dans la salle. Même si tous savent qu’il faudra attendre pour juger les militaires à l’aune de leurs promesses.
Selon un bon connaisseur, « souvent, les nouveaux dirigeants viennent avec une série de proches qui s’enracinent ». « Les caisses ont des effectifs pléthoriques, avec une gestion approximative », indique cette bonne source. Résultat : CNSS et CNAMGS, malgré les cotisations, enregistre un important déficit. Avec une conséquence terrible pour les retraités : beaucoup, en arrêtant le travail, ne parviennent pas à toucher leur pension. S’ajoutent à cela diverses crises économiques, qui ont entraîné des vagues de licenciements, notamment dans le secteur pétrolier. Les grands groupes pétroliers étaient d’importants contributeurs de ces caisses, mais à cause de la crise, leurs cotisations ont baissé.
Depuis un an, le patronat a indiqué sa volonté de prendre le contrôle de la CNSS et la CNAMGS, car ce sont leurs cotisations qui font vivre ces caisses. Les chefs d’entreprise ne voulaient plus voir leurs collaborateurs partir à la retraite sans pouvoir toucher de pension. Parfois, certains patrons doivent même financièrement aider leurs anciens employés. La privatisation des deux caisses a plusieurs fois été évoquée durant les mandats d’Ali Bongo, mais la réforme n’avait jamais abouti.
Ces mesures se font dans un contexte particulier pour la junte. Les militaires veulent faire avancer leur agenda et renforcer leur crédibilité en mettant à plat le système. Sauf que pour l’instant, ce ne sont que des annonces. Il est prévu une réunion mensuelle entre le général et les entreprises pour voir leur avancement. Les putschistes tentent d’asseoir leur légitimité. Ça montre que probablement, ils ne vont pas rendre le pouvoir, en tout cas pas tout de suite. De son côté, sollicité, le président de la FEG n’a pas pu être joint dans l’immédiat.
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