Les Etats membres de la Cedeao ne sont maintenant que 12. Les régimes putschistes au Mali, au Niger et au Burkina Faso, qui ne se reconnaissent plus dans la politique de l’organisation, ont décidé de se retirer. Ces pays, dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force, étaient déjà suspendus par la Cedeao qui exige le retour à l’ordre constitutionnel.
Par Dieynaba KANE – Après des années de défiance réciproque, la rupture. C’est un coup dur pour la politique d’intégration dans la région ouest-africaine. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait de la Cedeao. Dans un communiqué conjoint, les régimes militaires au pouvoir dans ces pays ont décidé de leur retrait de l’organisation avec effet immédiat.
Dans leur document, les dirigeants respectifs de ces trois Etats sahéliens justifient leur décision : «Prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.» Les juntes au pouvoir dans ces Etats ont dénoncé la politique menée par la Cedeao. «Après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent, avec beaucoup de regrets, d’amertume et une grande déception, que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme.
La Cedeao, sous l’influence de puissances étrangères trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur», ont-ils déploré dans leur communiqué. Poursuivant leurs reproches, ils accusent : «L’organisation n’a porté assistance à nos Etats dans le cadre de notre lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité. Pire, lorsque ces Etats ont décidé de prendre leur destin en main, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables, en violation de ses propres textes.» Selon les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, toutes ces choses «ont davantage fragilisé les populations déjà meurtries par des années de violence par des hordes terroristes instrumentalisées et téléguidées».
Il faut rappeler que les relations entre la Cedeao et ces Etats sont tendues depuis que des militaires y ont pris le pouvoir par la force, en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger. La Cedeao, qui essaie d’endiguer les coups de force et de pousser au retour le plus vite possible des civils au pouvoir, a pris de lourdes sanctions contre le Mali, le Burkina et le Niger, et les a également suspendus de ses organes. Elle est même allée jusqu’à menacer de recourir à la force au Niger pour garantir le retour à l’ordre constitutionnel.
Ces trois pays se sont rapprochés davantage après que la Cedeao a menacé d’intervenir à Niamey pour rétablir Mouhamed Bazoum dans son fauteuil présidentiel. Bamako et Ouagadougou avaient même promis de soutenir militairement Niamey si la Cedeao mettait sa menace à exécution.
Pour ces trois pays du Sahel, dépourvus de façade maritime, il faudra faire face à la perte d’accès au marché commun de la Cedeao et avantages économiques, la libre circulation des personnes et des biens va être remise en cause. Cette sortie va aussi provoquer une perturbation des projets régionaux. Sans oublier des risques de tensions diplomatiques.
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