Samuel Benshimon sahel-intelligence.com
Le Tchad a décidé de mettre fin aux accords de coopération en matière de sécurité et de défense avec la France, a annoncé jeudi le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, peu après la visite du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Selon les analystes, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno nourrit des doutes à l’égard de la France depuis un certain temps.
Dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle du ministère, Abderaman Koulamallah a déclaré : « Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française ».
Il a précisé que cette décision, prise après une analyse approfondie, représente un « tournant historique ». « Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour notre pays d’affirmer sa souveraineté totale et de redéfinir ses partenariats stratégiques en fonction de nos priorités nationales », a-t-il ajouté.
Lors d’un point presse à N’Djamena, après une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et le ministre français, M. Koulamallah avait déclaré que la France devait désormais « considérer que le Tchad a grandi, a mûri » et que « le Tchad est un État souverain, très attaché à sa souveraineté », sans évoquer toutefois la rupture des accords.
Cette annonce survient également après que le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, ait indiqué jeudi que la France serait contrainte de fermer ses bases militaires au Sénégal, invoquant lui aussi la question de la souveraineté.
Le Tchad était l’un des derniers pays de la région où la France maintenait une importante présence militaire, après avoir été expulsée ces dernières années du Niger, du Mali et du Burkina Faso, suite à des années de lutte contre les extrémistes islamistes aux côtés des troupes régionales.
Lundi, l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel, avait remis au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, prônant un partenariat « renouvelé » et « coconstruit », selon l’Élysée.