Samuel Benshimon

La justice malienne a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Mark Bristow, PDG de la société canadienne Barrick Gold, copropriétaire avec l’État malien de l’un des plus grands complexes aurifères au monde. Cette décision, prise en pleine période de tensions entre la société et les autorités maliennes, a été confirmée par des sources proches du dossier ce jeudi.

Le mandat d’arrêt, signé cette semaine, accuse M. Bristow de blanchiment de capitaux. Quatre employés maliens de Barrick Gold ont déjà été inculpés et placés en détention fin novembre dans le cadre de cette affaire. Bien que M. Bristow, de nationalité sud-africaine, soit également inculpé, il n’est pas supposé se trouver actuellement au Mali.

Un autre mandat d’arrêt a été émis le même jour contre Cheikh Abass Coulibaly, directeur général malien du complexe de Loulo-Gounkoto, pour des accusations similaires.

Le complexe Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali, est détenu à 80 % par Barrick Gold et à 20 % par l’État malien. Les accusations portées contre la société concernent notamment un différend sur la répartition des bénéfices économiques issus de l’exploitation aurifère. Dans un communiqué publié fin novembre, Barrick Gold avait évoqué un contentieux relatif à la part revenant à l’État.

Depuis leur prise de pouvoir en 2020, les autorités militaires maliennes ont intensifié leur lutte contre la corruption et mis l’accent sur la souveraineté nationale des ressources naturelles, notamment l’industrie minière, un secteur stratégique pour le pays. L’or représente à lui seul 25 % du budget national et 75 % des recettes d’exportation du Mali.

Pour augmenter ses revenus issus des ressources naturelles, le gouvernement malien a annoncé mercredi soir une série de décrets augmentant sa part dans plusieurs projets d’exploitation de l’or et du lithium. L’Etat prendra 30 % des parts dans les projets de Bougouni et Goulamina, exploités respectivement par Kodal Minerals (Royaume-Uni) et Ganfeng Lithium (Chine). Une participation de 30 % est également prévue dans le projet Korali-Sud, développé par Allied Gold (Canada), et de 20 % dans la mine de Nampala, exploitée par Robex (Canada).

Ces changements ont été rendus possibles par l’adoption en 2023 d’un nouveau code minier et la révision des conventions minières existantes. Selon le gouvernement, ces mesures visent à garantir un meilleur partage des revenus miniers entre l’État et les compagnies exploitantes.

La situation souligne la volonté des autorités maliennes de rééquilibrer les rapports de force avec les multinationales opérant sur son territoire, tout en renforçant la gestion nationale des ressources stratégiques.

By Albert C. Diop

HBodiel