Karol Biedermann sahel-intelligence.com

La fermeture de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), récemment annoncée par Elon Musk, un allié de Donald Trump, est une décision parfaitement justifiable, compte tenu des dérives observées dans l’administration de l’aide internationale par cette entité. 

Depuis sa création en 1961, l’USAID a joué un rôle clé dans la distribution de milliards de dollars à des programmes humanitaires et de développement à travers le monde, mais son efficacité et son impact méritent aujourd’hui un sérieux réexamen.

L’USAID, une organisation créée par le Congrès américain sous la présidence de John F. Kennedy qui gère un budget de plus de 40 milliards de dollars et son personnel est estimé à 10 000 employés, dont une large majorité est en poste à l’étranger.

Pourtant, malgré ses vastes ressources, l’USAID n’a pas toujours démontré une réelle capacité à répondre aux priorités des pays bénéficiaires de manière efficace, souvent accusée de promouvoir des agendas géopolitiques ou idéologiques au détriment des véritables besoins des populations locales.

En suspendant l’aide étrangère en 2017 pour réévaluation, Donald Trump visait à éliminer les programmes douteux ou trop politisés, comme ceux favorisant la diversité, l’avortement, ou d’autres initiatives non liées à des objectifs humanitaires directs. 

L’objectif était clair : réorienter l’aide pour qu’elle serve les intérêts stratégiques des États-Unis tout en répondant aux besoins immédiats des populations. En effet, certaines dérogations ont été accordées pour l’aide alimentaire et les soins de santé essentiels, mais une révision en profondeur de l’USAID était nécessaire pour éviter les gaspillages et assurer un soutien ciblé et transparent.

Les critiques des organisations humanitaires, qui parlent de « guerre contre le développement », passent à côté d’un aspect fondamental : l’efficacité de l’aide. Les programmes phares de l’USAID, comme le PEPFAR pour la lutte contre le sida, bénéficient certes à des millions de personnes, mais le bilan global de l’agence reste contrasté. Nombre de ses programmes ont montré des failles majeures, en particulier dans les domaines de la gouvernance, de la corruption, et de la dépendance à une aide extérieure plutôt que de promouvoir des solutions locales durables.

En outre, dans des pays comme l’Ouganda ou le Cambodge, où l’aide américaine a été mal orientée ou inefficace, les fermetures de programmes financés par l’USAID révèlent la nécessité d’une approche plus ciblée et plus coordonnée. 

En 2023, les dix pays qui en ont le plus bénéficié sont l’Ukraine, l’Ethiopie, la Jordanie, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Yémen, l’Afghanistan, le Nigeria, le Soudan du Sud et la Syrie, selon le CRS.

L’USAID a longtemps agi comme un canal centralisé pour les fonds étrangers, mais elle a souvent ignoré les réalités locales, déployant des solutions qui, loin de renforcer les capacités locales, ont parfois contribué à l’instabilité et à la dépendance.

Réduire, voire fermer, des programmes mal conçus et mal gérés est donc une décision logique. Elle permettrait de libérer des ressources pour soutenir des initiatives plus pertinentes et plus adaptées aux besoins spécifiques des pays concernés, tout en garantissant une meilleure gestion des fonds publics. 

La fermeture de l’USAID pourrait aussi ouvrir la voie à des réformes de l’aide internationale, plaçant les pays bénéficiaires au centre des processus décisionnels et les encourageant à devenir les principaux acteurs de leur développement.

By Albert C. Diop

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