Samuel Benshimon sahel-intelligence.com

La France a officiellement rétrocédé à la Côte d’Ivoire, jeudi, sa base militaire stratégique située près d’Abidjan, qu’elle occupait depuis près de 50 ans. Cet acte, un départ concerté, survient dans un contexte où plusieurs autres pays africains ont récemment demandé le retrait de l’armée française de leurs territoires.
La cérémonie de rétrocession, marquée par la présence des ministres de la Défense des deux pays, Téné Birahima Ouattara et Sébastien Lecornu, a eu lieu à Port-Bouët, où se trouve la base du 43e Bataillon d’infanterie et de marine (43e BIMa). La base a été rebaptisée en l’honneur de Thomas d’Aquin Ouattara, le premier chef d’État-major de l’armée ivoirienne.
Téné Birahima Ouattara a salué cet acte comme une « nouvelle étape » dans les relations de coopération stratégique entre les deux pays, précisant que « le monde change » et que la relation de défense devait donc évoluer. Sébastien Lecornu a qualifié ce moment d’ »historique », soulignant le caractère « d’amitié » et de « professionnalisme » entre les deux nations, avant de préciser que « la France transforme sa présence mais ne disparaît pas ».
La rétrocession, annoncée par le président ivoirien Alassane Ouattara en décembre 2023, fait partie d’un processus lancé il y a deux ans, dans le cadre de la réorganisation des forces françaises en Afrique. Cette décision intervient dans un contexte régional tendu, où plusieurs pays ont récemment exigé le retrait de l’armée française, suite à la montée en puissance de régimes hostiles aux troupes françaises, notamment après les coups d’État dans le Sahel.
La France a ainsi quitté le Mali en février 2022 après la fin de l’opération Barkhane, puis le Burkina Faso en 2023, à la suite de l’expulsion de ses troupes. En décembre 2023, les putschistes du Niger ont également exigé le départ des 1 500 soldats français déployés dans la lutte contre le jihadisme. Récemment, le Tchad et le Sénégal ont également demandé le retrait des forces françaises de leur territoire.