Samuel Benshimon sahel-intelligence.com/3

Le Sahel, plongé dans une spirale de violences jihadistes depuis 2012, a vu la mort de dizaines de milliers de personnes.
Si ces attaques ont d’abord touché le Mali, elles se sont rapidement étendues au Burkina Faso et au Niger, menaçant désormais d’autres pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Deux groupes principaux dominent aujourd’hui la scène jihadiste dans la région : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM) et l’État islamique au Sahel (EIS).
Le JNIM, affilié à Al-Qaïda, a vu le jour en 2017 après la fusion de plusieurs groupes sous la direction d’Iyad Ag Ghali, un chef touareg du Mali. De son côté, l’EIS, né en 2015 sous l’égide d’Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, un jihadiste marocain dissident d’Al-Qaïda, est affilié à l’État islamique. Al-Sahraoui a été tué en 2021 lors d’une frappe française au Mali.
Dans la région du lac Tchad, Boko Haram et sa branche dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), opèrent également, principalement dans les zones rurales. « Contrôler les villes est difficile pour eux », explique Ibrahim Yahaya à l’AFP, un chercheur à International Crisis Group. Leur stratégie repose sur l’intimidation dans les villages et des attaques périodiques contre les villes.
Le JNIM est actif au Mali, au Niger et au Burkina Faso, et cherche à étendre son influence vers le sud, notamment vers les frontières du Burkina Faso avec le Bénin et le Togo. En revanche, l’EIS reste concentré sur la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), mais peine à se développer à cause de la puissance militaire du JNIM.
Les objectifs des deux groupes diffèrent. L’EIS suit une ligne dure en prônant une violence indiscriminée contre civils et militaires pour établir un califat islamique basé sur la charia. Le JNIM, quant à lui, cherche à se légitimer comme un défenseur des populations marginalisées, intégrant des revendications locales à son discours islamiste.
Les tensions entre les deux groupes alimentent des rivalités violentes. Le JNIM s’attache à recruter au sein de diverses communautés ethniques, notamment les Peuls, Touaregs et Bambaras.
En 2024, un rapport des Nations unies estimait les effectifs du JNIM entre 5 000 à 6 000 combattants et ceux de l’EIS à 2 000 à 3 000.
Les jihadistes utilisent une variété de tactiques pour attaquer les forces armées sahéliennes : embuscades, enlèvements, tirs d’obus, engins explosifs improvisés et utilisation de drones. Ils imposent également des embargos et contrôlent les villages par la terreur. En réponse, les armées sahéliennes privilégient une approche militaire, mais cette stratégie reste limitée face à des groupes mobiles qui tirent parti des tensions locales.
En réaction à cette menace, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé la création d’une force antijihadiste unifiée de 5 000 hommes. Toutefois, Seidik Abba, président du Centre international de réflexions et d’études sur le Sahel, avertit que tant que le chômage des jeunes dans la région ne sera pas résolu, ces derniers resteront vulnérables aux groupes jihadistes.