Source : VOA Afrique


Des policiers sénégalais montent la garde devant les locaux du pool judiciaire financier (PJF) à Dakar, où Mouhamadou Ngom, dit Farba, député de l'opposition se trouvait le 27 février 2025. AFP / Seyllou
Des policiers sénégalais montent la garde devant les locaux du pool judiciaire financier (PJF) à Dakar, où Mouhamadou Ngom, dit Farba, député de l’opposition se trouvait le 27 février 2025. AFP / Seyllou

Un député d’opposition sénégalais proche de l’ex-président Macky Sall a été inculpé et écroué jeudi à Dakar pour « blanchiment, escroquerie sur les deniers publics et association de malfaiteurs », a indiqué à l’AFP l’un de ses avocats qui s’est dit « scandalisé » par cette décision.

Mouhamadou Ngom dit Farba, également maire d’une commune dans le nord du pays, a été entendu par un juge du pool judiciaire financier (PJF), un organe anti-corruption, qui l’a écroué, a déclaré Me Doudou Ndoye. Il a été « placé sous mandat à la très grande surprise de ses avocats scandalisés par la procédure qui ne correspond à aucune des règles du droit sénégalais. L’accusateur ne dit rien de ce qu’il a fait. On le met en prison en attendant de savoir ce qu’il a fait« , a fustigé Me Ndoye.


L’Assemblée nationale du Sénégal, saisie par le PJF, un organe mis en place par les anciennes autorités, avait le 24 janvier levé l’immunité parlementaire de M. Ngom pour qu’il soit entendu par la justice après des soupçons sur son implication présumée dans des irrégularités. Le parquet de cette juridiction affirmait avoir reçu des rapports de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), un organe du ministère des Finances, qu’il a transmis à l’institution parlementaire, largement contrôlée par le pouvoir, pour la levée de l’immunité de M. Ngom, un homme de confiance de l’ex-président Sall (2012-2024).

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« Les investigations menées révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux par le biais de sociétés écrans qui auraient été utilisées pour des transactions suspectes d’une valeur estimée provisoirement à plus de 125 milliards de francs CFA » (plus de 192 millions d’euros), avait affirmé le parquet du PJF dans un communiqué publié le 12 janvier. Plusieurs autres personnes proches de l’ex-pouvoir sont citées dans ce dossier, selon la presse locale. Des dizaines de partisans du député Ngom qui ont manifesté jeudi aux abords du siège du PJF, en face de l’Université de Dakar, ont été dispersés par la police, a constaté un photographe de l’AFP.


L’entourage du député dénonce depuis plusieurs semaines l’exécution, selon lui, d’une « commande politique » par la justice. Le nouveau pouvoir sénégalais, issu de l’élection en mars du président Bassirou Diomaye Faye, a notamment promis de rompre avec l’ancien système. Le Premier ministre Ousmane Sonko a promis en septembre des enquêtes sur la « corruption généralisée » ayant sévi selon lui sous l’ex-régime. Plusieurs ex-responsables ont été inculpés et écroués ces derniers mois.

By Albert C. Diop

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