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Pris à partie par le président burkinabè après ses propos devant le Sénat américain, le chef de l’Africom, le général Michael Langley, a nuancé ses critiques lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 30 mai à Nairobi, saluant la réaffectation des recettes minières burkinabè à des usages civils.

Alors que le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a vertement dénoncé comme « mensongères » et « inacceptables » les accusations formulées début avril par le général américain Michael Langley devant le Sénat, ce dernier a adopté un ton plus conciliant lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 30 mai en marge de la Conférence des chefs d’état-major africains à Nairobi.

« Je suis heureux d’apprendre qu’il y a une réorientation dans l’allocation des ressources au profit de la société civile, car la solution durable à la lutte antiterroriste commence par la protection de la société civile dans son ensemble », a déclaré le commandant de l’Africom, réagissant aux récentes informations selon lesquelles le Burkina Faso perçoit désormais 1 200 dollars l’once d’or – contre 300 auparavant – et a alloué plus de 179 millions de dollars issus de cette manne à l’équipement agricole.

Langley a toutefois précisé que ses critiques portaient sur l’usage des ressources militaires : « D’un point de vue militaire, mes commentaires portaient sur les préoccupations qui subsistent concernant la gestion du soutien extérieur reçu pour la lutte contre le terrorisme dans leur pays souverain. »

Une tentative d’apaisement après la sortie musclée d’Ibrahim Traoré dans un entretien à Sputnik début mai. Le président burkinabè avait accusé Langley de « mentir », affirmant que l’or évoqué n’était pas utilisé à des fins personnelles ou militaires, mais bien pour constituer des réserves au Trésor national – une première, selon lui. « Le Burkina n’a jamais eu de réserve d’or jusqu’à ce que nous arrivions… Ça veut dire que c’est un menteur », avait-il asséné.

Traoré avait également dénoncé « l’hypocrisie diplomatique » des pays occidentaux et l’usage de responsables noirs pour « combattre un noir ». « Ça fait très mal… Il faut que ça s’arrête », avait-il lancé, faisant un parallèle avec la chute de la Libye, qu’il considère comme un précédent de manipulation.

Dans ses propos à Nairobi, le général Langley a tendu la main aux autorités burkinabè : « Nous restons ouverts au dialogue… J’ai invité le chef d’état-major du Burkina Faso à cette conférence, parce que le grand peuple burkinabè mérite que nous ayons ce dialogue. »

Un dialogue que Traoré, de son côté, semble déja avoir conditionné à une reconnaissance publique de ce qu’il qualifie de « campagne de désinformation ». Tout en réaffirmant sa volonté de poursuivre les réformes, le président burkinabè a vanté les réalisations de son régime en matière de santé, d’agriculture et de modernisation de l’armée, soulignant : « Ce que nous faisons, aucun régime ne l’a réalisé. »

AC/Sf/APA

By Albert C. Diop

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