APA-Antananarivo (Madagascar)APA-Antananarivo (Madagascar)30 septembre 2025 | 08:46

Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé lundi soir la dissolution de son gouvernement, incluant le Premier ministre Christian Ntsay, alors que des manifestations ont fait au moins 22 morts selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, bilan contesté par le ministère des Affaires étrangères. 

Confronté à une vague de manifestations violentes qui ont ébranlé Madagascar depuis le 25 septembre, le président Andry Rajoelina a procédé à la dissolution de l’ensemble de son gouvernement, y compris le Premier ministre Christian Ntsay, qui occupait ce poste depuis 2018. Les ministres sortants assureront la gestion des affaires courantes jusqu’à la mise en place d’un nouvel exécutif.

La capitale Antananarivo, ainsi que d’autres villes dont Antsirabé et Toamasina, ont été le théâtre de manifestations déclenchées par des coupures récurrentes d’eau et d’électricité. Si France Info avait initialement fait état de six morts en citant une source hospitalière, le bilan s’est considérablement alourdi. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme recense désormais au moins 22 morts et plus de 100 blessés depuis le début des manifestations. Ces chiffres ne sont, pour le moment, pas reconnus par le gouvernement. Mais selon l’ONU, certaines victimes ont été atteintes par des tirs des forces de sécurité, tandis que d’autres ont succombé lors de pillages et de violences en marge des rassemblements. D’importants dégâts matériels ont également été enregistrés, poussant les autorités à imposer un couvre-feu nocturne.

Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a condamné une « réponse violente et non nécessaire » des forces de sécurité.

Ces manifestations, largement diffusées sur les réseaux sociaux et incarnées par le mouvement « Leo Délestage », traduisent l’exaspération d’une jeunesse mobilisée face aux pénuries énergétiques et hydriques qui perturbent gravement le quotidien des Malgaches.

La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a exprimé sa « profonde préoccupation » et réaffirmé son soutien au gouvernement et au peuple malgache pour « restaurer la paix et la stabilité » tout en protégeant « la sécurité, la dignité et le bien-être de tous les citoyens ». De son côté, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, appelle « à la retenue et au dialogue » et réitère l’engagement de l’UA à collaborer avec Madagascar et la SADC pour apaiser les tensions et identifier des solutions durables.

En dépit de la dissolution du gouvernement et des mesures annoncées par le président Rajoelina, la situation demeure tendue dans la capitale et dans plusieurs autres villes. Cette crise met en lumière les défis structurels de Madagascar, l’un des pays les plus pauvres au monde, qui fait face à une crise énergétique et hydrique chronique aggravée par des défaillances dans la gouvernance.

AC/Sf/APA

By Albert C. Diop

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