(Agence Ecofin) – Dans l’actualité santé en Afrique cette semaine, les progrès dans le diagnostic et le traitement de la tuberculose sont à l’honneur, avec une amélioration notable de la prise en charge de cette maladie. Les pays africains déploient des efforts importants pour lutter contre les maladies infectieuses. Des financements conséquents sont débloqués, comme en Afrique du Sud où 94 millions de dollars sont alloués à la lutte contre la tuberculose, tandis que des campagnes de vaccination contre le paludisme rencontrent un succès croissant, comme au Cameroun où plus de 15 000 enfants ont déjà été vaccinés. Parallèlement, des cas de méningite au Mali et des épisodes de choléra en Zambie et en Somalie rappellent l’importance de maintenir une vigilance constante face aux menaces sanitaires. En RDC, un nouveau plan est mis en place pour renforcer la lutte contre le choléra, témoignant de la volonté collective de combattre ces fléaux qui affectent la santé des populations africaines.

Le diagnostic et le traitement de la tuberculose s’est amélioré en Afrique

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les pays africains marquent des progrès en matière de diagnostic et de traitement de la tuberculose. Environ 70 % des cas sont désormais diagnostiqués et traités dans la région, selon le dernier Rapport mondial sur la tuberculose de l’OMS pour 2023. D’après l’agence onusienne, cette progression marque le taux de détection de cas le plus élevé jamais enregistré dans la région. Par exemple, au Nigeria, la notification des cas de tuberculose a presque triplé au cours des cinq dernières années, atteignant 285 000 cas en 2022 contre 106 000 en 2018. De même, le Cap-Vert, l’Eswatini et l’Afrique du Sud ont réalisé une réduction d’au moins 50 % des cas de tuberculose.

C’est la #JourneeMondialeTuberculose.

La #TB est un problème de santé publique important dans la Région africaine.
En 2022, 2,5 millions de personnes ont contracté la #tuberculosedans la Région africaine, avec plus de 400 000 décès.

Finissons-en avec la tuberculose ! pic.twitter.com/V7BTyEsYSF— OMS Afrique (@OMS_Afrique) March 24, 2024

Ceci étant, en dépit de ces avancées, des investissements accrus dans les programmes de lutte contre la tuberculose sont nécessaires pour atteindre les objectifs de la Stratégie mondiale visant à mettre fin à la tuberculose d’ici 2030. « Plus d’efforts sont encore nécessaires pour réduire les impacts dévastateurs de cette maladie sur les familles et les communautés. En tant qu’OMS, nous continuons à travailler en étroite collaboration avec les gouvernements pour surmonter les obstacles à une réponse efficace et accélérer l’élan pour faire de la tuberculose un phénomène historique », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Rappelons que la tuberculose reste une préoccupation majeure de santé publique en Afrique, avec près de 2,5 millions de personnes tombant malades et 424 000 décès enregistrés en 2022. La région qui représente 23 % des cas mondiaux de tuberculose, concentre 33 % des décès dans le monde. 

Afrique du Sud : 94 millions de dollars pour la lutte contre la tuberculose

Parlant de la lutte contre la tuberculose, l’Afrique du Sud annonce un financement de 94 millions de dollars contre la maladie respiratoire pour les cinq prochaines années.

« Un peu plus de 4 milliards de rands ont été budgétisés pour l’exercice 2024/2025, répondant aux besoins projetés pour la mise en œuvre du Plan stratégique national (NSP). 71% du budget de la tuberculose provient de sources nationales, 21 % du Fonds mondial et 8 % des engagements du gouvernement des États-Unis », a déclaré le ministre de la Santé, le Dr Joe Phaahla, dimanche à Sedibeng. Notons que dans le pays Arc-en-ciel, des progrès significatifs ont déjà été réalisés, avec une baisse constante du nombre de cas diagnostiqués depuis 2007. L’Afrique du Sud a également mis en place des tableaux de bord pour suivre les progrès du programme de lutte contre la tuberculose. Enfin, le pays envisage d’intensifier le dépistage précoce des cas, notamment parmi les populations vulnérables, dans le cadre d’une stratégie globale visant à mettre fin à la tuberculose.

Burundi : Plus de 7000 cas de tuberculose détectés en 2023

Selon le rapport annuel 2023 du programme de lutte contre la tuberculose dans le pays des Grands Lacs, sur les 7799 cas de tuberculose attendus, 61% ont été notifiés et pris en charge. Cette annonce a été faite par le ministère de la Santé publique et de la lutte contre le Sida, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, avec pour thème de l’édition 2024, « Oui, nous pouvons mettre fin à la tuberculose« . Parmi ces cas, 4960 étaient contagieux, représentant 64% du total. Cependant, le ministère souligne deux défis majeurs : 39% des cas ne sont pas dépistés ni traités, et le dépistage chez les enfants reste faible, avec seulement 4% détectés contre une norme de 5 à 10%. Cette situation appelle à une mobilisation collective de tous les acteurs, y compris les professionnels de santé et la société civile. À l’échelle mondiale, 10,6 millions de personnes ont développé la tuberculose en 2022, entraînant 1,3 million de décès.

Nigéria : en pole position pour les vaccins anti-palu

En Afrique de l’Ouest, le Nigeria se prépare à recevoir un stock de vaccins anti-palu, à la suite d’autres pays du continent comme le Burkina Faso et le Cameroun. En effet, le Programme national d’élimination du paludisme (PNLP) a annoncé l’arrivée imminente du premier lot de vaccins antipaludiques dans le pays, d’ici la fin de l’année 2024.

The National Coordinator, NMEP Dr. Godwin Ntadom officially launched the « the Domestic Resource Mobilization (DRM) and Public, Private philanthropic partnership (PPPP) framework. This is a strategic direction to ending Malaria in Nigeria. #ALMA #emc @muhammadpate pic.twitter.com/fYIWPfKy7K— Nigeria End Malaria Council (@NEMalariacounci) March 27, 2024

Dr Godwin Ntadom, coordinateur national du PNLP, a déclaré que les vaccins seront déployés dans les États pilotes, notamment Kebbi et Bayelsa. L’objectif est de réduire la prévalence du paludisme d’au moins 10%. « Actuellement, la prévalence du paludisme est très élevée dans les États de Kebbi, Zamfara et Sokoto. Cela est dû au fait qu’ils cultivent du riz en grande quantité et possèdent également des barrages, alors que le taux est faible dans des États comme Lagos, Kwara, entre autres. Mais à l’approche de la saison des pluies, nous avons pris des mesures adéquates pour éviter une augmentation des cas« , selon le coordonnateur national du PNLP, le Dr Godwin Ntadom.

Paludisme : plus de 15 000 enfants ont déjà été vaccinés au Cameroun

Au Cameroun, justement, plus de 15 000 enfants ont déjà été vaccinés par le vaccin anti-palu RTS,S, depuis son arrivée dans le pays. C’est ce que rapporte le média StopBlablaCam, citant le Programme national de lutte contre le paludisme au Cameroun. Selon Marcellin Joël Ateba, secrétaire permanent du PNLP, qui se réjouit d’une adhésion croissante des parents à la vaccination contre le paludisme, cette initiative vise à couvrir l’ensemble du territoire national.

Rappelons qu’en novembre dernier, le pays avait reçu 331 200 doses du vaccin RTS,S, le premier vaccin antipaludique homologué par l’OMS. Le pays d’Afrique centrale envisage désormais de commander des stocks supplémentaires. Des partenaires comme l’Alliance globale pour le vaccin (Gavi) soutiennent les campagnes de vaccination antipaludique à grande échelle en Afrique. De son côté, l’OMS examine le R21, un autre vaccin potentiel contre le paludisme.

Zambie : Ce que révèle un sondage sur l’épidémie de choléra

En Zambie, la majorité de la population estime que l’épidémie de choléra, qui sévit dans le pays depuis octobre 2023 et affecte désormais les 10 provinces, est liée à des problèmes d’accès à l’eau et d’hygiène publique. Selon un sondage de GeoPoll, moins de 1% de l’échantillon attribue l’actuelle épidémie de choléra à un manque de sensibilisation ou de connaissance.

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Dans le pays, l’accès à l’eau propre et à un assainissement sûr reste un problème pour beaucoup de citoyens. De plus, l’épidémie semble particulièrement concentrée dans la capitale. Ainsi, moins d’un quart des répondants ont entendu parler de cas de choléra dans leur communauté ou leur quartier (22%), mais cette proportion atteint 43% à Lusaka, où l’épidémie a été signalée en premier et reste la province la plus touchée.

La sensibilisation semble tout de même être au rendez-vous, sachant que tous les répondants de l’étude ont entendu parler de l’actuelle épidémie de choléra. Il faut également noter qu’une grande majorité de l’échantillon (82%) estiment dans l’ensemble que le gouvernement gère bien ou très bien l’épidémie. Causée par la bactérie Vibrio cholerae, le choléra est une maladie diarrhéique très contagieuse, et dangereuse quand elle n’est pas prise en charge.

Somalie : une soixantaine de décès dus au choléra

En Somalie, une soixantaine de personnes (au moins 54) ont succombé au choléra au cours des derniers mois, avec neuf décès signalés la semaine dernière. Ce chiffre est le plus élevé enregistré cette année 2024, selon Save the Children. Mohamed Abdulkadir, directeur des opérations par intérim de l’organisation en Somalie, lors d’une interview avec VOA Somali, a souligné la vulnérabilité des enfants, représentant 59 % des 4388 cas confirmés cette année.

Mogadiscio, touchée par des inondations en 2023, a en effet enregistré une forte augmentation de cas, avec 586 nouveaux cas, dont 331 concernaient des enfants de moins de 5 ans. Les inondations sont identifiées comme un facteur contributif majeur à l’épidémie. 

RDC : nouveau plan pour lutter contre le vibrio

La République démocratique du Congo (RDC) s’engage dans la lutte contre le choléra, avec une enveloppe de 192 millions de dollars. Ces ressources annoncées permettront de mettre en œuvre le quatrième plan stratégique multisectoriel (PMSEC) pour 2023-2027, qui vise à éliminer le choléra et à contrôler les maladies diarrhéiques.

Ces fonds, selon un communiqué de presse rendu public récemment par le Programme national pour l’élimination du choléra (Pnechol), seront utilisés pour renforcer la surveillance, la prise en charge des malades et les interventions d’urgence en eau, hygiène et assainissement, notamment dans la province instable du Nord-Kivu. Les vaccinations orales, les investissements dans l’eau, l’assainissement et la recherche opérationnelle seront également soutenus. 

#RDC: Bon à savoir .

Pour prévenir les maladies liées à la diarrhée, comme le choléra, il est important de se laver les mains aux 4 moments clés : 1) avant de manger, 2) avant de préparer des aliments, 3) après avoir été aux toilettes, et 4) avant et après avoir changé les… pic.twitter.com/oyBtLHTnwP— Rachel Kitsita Ndongo (@rkitsita) March 29, 2024

Ce PMSEC 2023-2027 mobilise les partenaires pour éliminer le choléra, une maladie endémique qui touche la population la plus pauvre de la RDC.

Le choléra est endémique dans le pays d’Afrique centrale depuis plus de quatre décennies. Selon les données du Pnechol, chaque jour, 126 personnes contractent la maladie dans le pays, et trois en meurent. Au cours de ces trois dernières années, le pays a notifié 83 436 cas et 971 décès, soit une létalité de 1,2%. La maladie, touche particulièrement la population la plus pauvre et reflète les profondes inégalités dans la répartition des ressources nationales. 

Mali : des cas de méningite détectés dans la capitale

Au Mali, six cas de méningite ont été confirmés dans la région de Gao et le district de Bamako (la capitale), selon un communiqué de presse de la Direction générale de la santé et de l’hygiène publique. Dans le détail, ces cas ont été détectés dans les districts sanitaires de Gao, Ansongo et dans la commune 5 de Bamako.

Dr Yacouba Koné, responsable de la surveillance épidémiologique, assure que la situation est sous contrôle et que des mesures ont été prises pour renforcer la surveillance épidémiologique à tous les niveaux.

« Face à la notification de ces cas confirmés, nous avons entrepris un certain nombre de mesures. Plus précisément, nous avons lancé des courriers adressés à tous les directeurs régionaux pour le renforcement de la surveillance épidémiologique à tous les niveaux« , déclare le Dr Koné. « Nous nous préparons vraiment à être en mesure de contenir toute forme d’épidémie lorsqu’elle se présente« , ajoute-t-il.

Dr. Gassaga Sissoko, du département de surveillance épidémiologique de la direction régionale de la santé de Gao, pour sa part, met en garde contre la gravité de la maladie et exhorte la population à chercher des soins dès l’apparition des symptômes. Les spécialistes soulignent, du reste, que les enfants sont particulièrement vulnérables à la méningite, mais que la maladie peut toucher des personnes de tous âges.

By Albert C. Diop

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