La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Nouakchott-Ouest a décidé lundi de suspendre le procès de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, en raison de « l’état de santé » qu’il a présenté devant la cour.
Au début de l’audience, Ould Abdel Aziz a déclaré qu’il n’avait pas dormi la nuit dernière « en raison de son état de santé » et a demandé à la Cour de reporter l’audience jusqu’à ce que son état de santé s’améliore.
Articles similaires
- Accord entre les autorités et le bureau des investisseurs dans le domaine pharmaceutique afin d’améliorer la filièreil y a 7 minutes
- Mauritanie : le parlement a adopté une loi consacrant le renforcement du rôle stratégique des entreprises publiquesil y a 19 minutes
Ould Abdel Aziz n’a pas révélé la nature de ces problèmes de santé, mais le juge lui a demandé s’il était en mesure de poursuivre l’audience ou s’il n’était pas en mesure de le faire, ce à quoi il a répondu : « Je peux continuer si le tribunal m’y oblige».
Le juge a décidé de reporter le procès de l’ancien président, accusé de corruption et de blanchiment d’argent, à lundi prochain.
Affrontement des avocats
Lors de la discussion sur l’ajournement, l’équipe de défense de l’ancien président a protesté et a qualifié la poursuite des audiences de « mépris de l’état de santé de l’ancien président », et des altercations ont eu lieu entre l’équipe de défense et les avocats de la partie civile.
L’avocat Ibrahim Ould M’Barek, membre de la défense de l’ancien président, a menacé de se retirer de l’audience, estimant que « la loi n’est pas respectée dans ce procès », une menace rejetée par l’équipe de défense de la partie civile, qui représente l’Etat dans le procès, estimant qu’il s’agit d’une forme de pression sur le tribunal.
A propos de son état de santé, Ould Abdel Aziz a déclaré ne pas faire confiance aux médecins commis par l’état pour le soigner les qualifiant de « bande de bouchers »
L’origine de la fortune
Avant que la séance ne soit levée, le tribunal a commencé à interroger l’ancien président sur l’origine de sa richesse qualifiée d’importante.
Le juge lui a demandé de s’expliquer sur le grand écart entre les biens déclarés à l’État lorsqu’il en quittant le pouvoir en 2019 et ceux recensés par les enquêteurs en 2021.
Dans sa réponse, Ould Abdel Aziz s’est érigé en victime et réaffirmé qu’il faisait l’objet d’une cible politique évidente d’un groupe qui « s’est ligué contre lui pour des raisons purement tribales et régionales ».
Les adversaires d’Ould Abdel Aziz
Parmi ce groupe, selon l’ancien président, l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou, même si son nom n’a pas été nommément cité « qui recevait chaque année d’importantes sommes d’argent de la Société mauritanienne d’entretien routier et de la Sonimex.
Il a également indiqué que parmi les membres du groupe qui s’e prend à lui, un homme d’affaires vivant à l’étranger qu’il a qualifié de « courtier en terrorisme » et qu’il a accusé d’être impliqué dans un attentat terroriste qui a visé la ville de Néma, faisant référence à l’un de ses principaux opposants pendant son pouvoir, Moustapha Ould El Imam Echavi.
Il a également évoqué l’implication d’autres personnalités sans en citer les noms, décrivant l’une d’entre elles comme ayant précédemment occupé le poste de ministre de l’éducation et de la santé.
Condamnation et emprisonnement
À la fin de l’année dernière (2023), le tribunal de première instance a condamné Ould Abdel Aziz à cinq ans de prison et à la confiscation de ses biens pour enrichissement illicite et blanchiment d’argent.
Ould Abdel Aziz qui avait rejeté ces accusations a déclaré qu’il était jugé pour des raisons politiques, et qu’il est victime d’un règlement de comptes.
L’équipe de défense d’Ould Abdel Aziz a fait appel du verdict et le procès en appel a commencé le mois dernier.
Les avocats de la défense de l’ancien président a tenté, sans succès, de contester la constitutionnalité de la loi devant le Conseil constitutionnel.