
Mauritanie: l’État propose une indemnisation aux victimes des violences ethniques du tournant des années 1990
Le gouvernement de Nouakchott propose depuis ce week-end de verser plus de 27 milliards d’anciennes ouguiyas (environ 59 millions d’euros) aux ressortissants afro-mauritaniens victimes des exactions qui ont ensanglanté le pays entre 1989 et 1991. Une offre qui suscite des réactions contrastées.

Avec notre correspondant à Nouakchott, Oumar El Hadj Thiam
C’est un premier pas vers la reconnaissance des violences contre les ressortissants afro-mauritaniens au tournant des années 1990 en Mauritanie. Ce week-end, le gouvernement de Nouakchott a proposé de leur verser plus de 27,5 milliards d’anciennes ouguiyas (environ 59 millions d’euros) pour les dédommager des souffrances qu’ils ont subies.
Pour les représentants des victimes qui ont négocié cet accord financier avec l’État, il s’agit de l’aboutissement d’un long processus. « Les négociations ont duré longtemps. Il y a quatre mois, nous avions transmis notre feuille de route avec ses conclusions au président de la République. Nous demandions 35 milliards d’anciennes ouguiyas pour solder le passif humanitaire de l’ensemble des victimes. La réponse du chef de l’État nous a été donnée par le canal de la primature : il en propose un peu plus de 27 milliards. Mais rien n’est définitif : c’est une proposition de l’État que nous devons transmettre aux ayants-droits », déclare ainsi Lo Souleymane, l’un des acteurs des pourparlers.
Du côté des associations de victimes en revanche, beaucoup pointent une approche incomplète du préjudice et ne cachent pas leur indignation. C’est par exemple le cas du Collectif des veuves et orphelins de Mauritanie pour qui la priorité est de faire la lumière sur cette tragédie. « Tout ce que nous demandons, c’est que justice soit faite et que toute la transparence sur les faits soit établie. L’argent ne nous intéresse pas si la vérité n’est pas dite sur les massacres et si les bourreaux ne sont pas jugés. Il faut qu’il y est une commission d’enquête indépendante pour qu’on sache ce qu’il s’est passé. L’argent ne peut pas remplacer ce qu’ils ont fait, jamais de la vie ! », affirme ainsi Maimouna Alpha Sy, sa présidente.