Lequotidien 

Par Justin GOMIS – Le 18 décembre de chaque année, la Communauté internationale célèbre la Journée internationale des migrants. Le Sénégal n’a pas fait exception cette année pour la célébration. Il a tenu aussi a marquer cette journée proclamée par les Nations unies le 4 décembre 2000 et qui commémore l’adoption de la Convention internationale pour la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles, en collaboration avec l’Organisation internationale de la migration. Mais, l’occasion faisant le larron, le Sénégal a saisi cette opportunité pour  dissiper des préjugés  sur les migrants  en vue de  sensibiliser l’opinion par leur contribution dans les domaines économique, culturel et social, tant dans leur pays d’accueil que dans leur pays d’origine. Abondant dans ce sens, Youssou Mbengue, président de la Fédération des associations de solidarité et d’entraide des ressortissants sénégalais (Faser),  a saisi cette occasion pour inviter les autorités à corriger ces manquements qui ne facilitent pas la migration aux jeunes. «Monsieur le secrétaire  d’Etat, nous voulons que vous soyez notre interprète auprès du président de la République. Nous sollicitons d’abord des assises sur la migration, afin de trouver des solutions sur ce phénomène. Nous sollicitons une journée de deuil national à la mémoire des plus de 7000 morts et disparus de la migration irrégulière. Nous demandons de négocier la facilitation de l’accès aux visas, d’organiser le secteur de l’artisanat de Diamniadio pour mettre fin définitivement à la migration irrégulière. Il faudrait négocier avec l’Union européenne une convention de rapatriement pour une migration sûre, ordonnée et régulière. Cette convention devra être accompagnée de contrats de travail», a-t-il suggéré. Et dans un contexte où les politiques migratoires deviennent de plus en plus répressives et dissuasives, le Réseau migration développement (Remidef) rappelle que la mobilité est un droit, un fait social qui a toujours produit plus d’effets positifs que d’effets négatifs dans le monde.

Pour une migration régulière  sûre et respectueuse des droits humains
Pour la présidente du Remidef, Aby Sarr Guèye, «il nous faut alors changer de paradigme et montrer au monde que la mobilité humaine est un facteur de développement durable qui bénéficie aux pays d’accueil et d’origine, et doit être laissée libre à tout être humain». Car selon elle, «ce sont les cultures et le développement qui ont permis au monde  de se développer, à des Etats de se développer».
Malheureusement, «les Etats qui ont pu bénéficier de cette compétitivité, de cette mobilité  veulent aujourd’hui la restreindre», se désole-t-elle. A en croire M.  Mbengue, «si le drame le plus  catastrophique au Sénégal fut celui du naufrage du bateau Le Joola avec 2000 morts, celui de  la migration irrégulière  est à plus de 7000 morts et disparus, sans compter le nombre de jeunes qui meurent dans le désert et dont on parle très peu». D’après  lui, cette grande perte en  vies humaines est due à la persistance de ce phénomène qui est devenu chez nous une banalité, et qui est  souvent lié à plusieurs causes.
«L’inaccessibilité des visas, le sous-emploi, le chômage, la pauvreté, l’exode rural, les changements climatiques, la pression sociale», a-t-il listé. Avant de préciser que  toutes ces causes ne sont que secondaires. «La problématique migratoire est trop profonde. Elle est même liée à un aspect psychologique. De l’esclavage à la colonisation, l’Afrique a trop souffert avant d’être  façonnée par l’Occident qui semble être indispensable à notre existence. Nos valeurs intrinsèques sont devenues des parcelles de l’Occident. La jeunesse sénégalaise commence à perdre des repères. Osons dire que nous avons échoué sur leur éducation. Ils méritent que nous leur tenons un langage de vérité qui, au demeurant, préserve leur vie», a-t-il dit.
Selon le président de la Fédération des associations de solidarité et d’entraide des ressortissants sénégalais (Faser), «des  millions d’étrangers s’activent  dans différentes activités génératrices de revenus et gagnent aisément leur vie. Ils font fortune chez nous et n’ont pas besoin de migrer nulle part ailleurs. Les Sénégalais qui ont risqué leur vie dans le pays, sont plus nombreux que ceux qui réussissent à l’extérieur». Cependant, il reconnaît les efforts consentis par l’Etat pour sortir la jeunesse de cette situation. «L’Etat du Sénégal a mis plusieurs dispositifs pour la formation, l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes. Deux cent mille jeunes rentrent chaque année dans le marché de  l’emploi, et l’Etat peine à trouver des solutions», avoue-t-il. D’ailleurs, ajoute-t-il, la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, financée par l’Union européenne, qui mène une lutte en ce sens, a permis à nos Forces de défense et de sécurité, à travers le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière,  de faire des résultats.
justin@lequotidien.sn

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By Albert C. Diop

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