Un groupe d’expertes des Nations unies qui réalisent un rapport sur les discriminations et les violences à l’égard des femmes et des filles en Mauritanie ont tenu une conférence ce 6 octobre à Nouakchott. Une intervention qui a eu lieu en plein contexte de polémique au sujet d’un nouveau projet de loi en examen relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes, rejeté par des imams, religieux et parlementaires, car jugé « contraire aux principes de la charia »
RFI
Avec notre correspondante à Nouakchott, Léa Breuil
Selon le groupe d’expertes, malgré les efforts des dernières années, les violences et discriminations à l’égard des femmes restent nombreuses en Mauritanie. « Les données scientifiques que nous avons montrent que dans l’éducation, la santé, le travail, la participation politique, les femmes mauritaniennes souffrent encore de l’oppression patriarcale, a déclaré Merskerem Geset Techane, avocate spécialiste des droits de l’homme. Nous avons aussi été alertées par des violences basées sur le genre dans les familles et dans les communautés, comme des cas de viol et d’abus sexuel. »
Cette intervention survient alors qu’un futur projet de loi contre les violences faites aux femmes est en examen. Ce texte nommé Karama est rejeté par certains imams et parlementaires, car jugé contraire aux principes de l’islam et inspiré de l’étranger.
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« Le déni de l’existence des discriminations renforce l’impunité »
Pour l’experte des Nations unies, si le nouveau texte doit faire l’objet de concertations, il est aussi crucial que des mesures soient très vite adoptées pour renforcer la protection des Mauritaniennes : « Évidemment, nous devons analyser toute la loi, il faut prendre en compte les principes de la charia, mais aussi les droits de l’homme. Nous avons commencé nos discussions par cela. Nous demandons également des définitions plus claires. Mais le déni de l’existence des discriminations à l’égard des femmes renforce l’impunité dans le pays. »
Le projet de loi Karama est actuellement entre les mains des autorités. Mercredi soir 4 octobre, le gouvernement a précisé que rien ne sera proposé qui soit contraire à la charia.