Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a effectué une visite de travail et d’amitié au Mali le 12 août 2024. Cette visite s’est inscrit également dans le cadre des efforts diplomatiques du Sénégal pour convaincre le Mali, de réintégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Depuis la victoire de son parti à la présidentielle en mars 2024, c’est la première fois que le chef du gouvernement du Sénégal, Ousmane Sonko, se rend au Mali. La coopération entre les deux pays a été au menu de cette visite mais également l’actualité de la sous-région, notamment celle de l’Alliance des États du Sahel (AES).
À l’issue d’une audience avec le président malien, le colonel Assimi Goïta, le Premier ministre Ousmane Sonko, a livré une déclaration. Selon Africa News, il a souligné l’importance de dépasser les divergences pour favoriser l’unité régionale. « Nous devons mettre les émotions de côté et travailler sur la base de préoccupations concrètes. Si nous sommes panafricanistes, chaque panafricaniste doit avoir pour seul objectif l’unité des Africains au-delà de nos différences », a-t-il déclaré.
Ousmane Sonko a également insisté sur la nécessité de recréer un lien fort entre les pays, rappelant l’importance de l’unité historique de la région. « Quelles que soient nos différences, essayons, comme nos aînés l’ont fait, de recréer l’empire malien qui s’étendait d’ici au Sénégal, au Ghana et partout ailleurs », a-t-il ajouté.
Maintenir des liens forts entre le Sénégal et le Mali
Depuis le palais présidentiel malien, l’ancien opposant sénégalais a rappelé la constance de sa position. « Nous avons été en tant qu’opposant les premiers à dénoncer fermement l’embargo qui a été fait sur le Mali par des pays frères et malheureusement parmi lesquels notre propre pays. Je l’avais, au nom de mon parti dénoncé, je continue à le dénoncer. Et comme je l’ai dit, sous notre régime, ce genre de pratiques ne pourront jamais prospérer, et personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou aucun autre pays frère, ou alors lui imposer des sanctions de cette nature », a-t-il développé.
Ainsi, il a réaffirmé la volonté de maintenir des liens forts entre le Sénégal et le Mali « en accord avec les réalités géographiques, historiques, économiques et sociales qui nous imposent d’être deux nations très unies et de continuer à coopérer à tous les niveaux ».
« Nous continuerons à travailler »
En ce qui concerne l’Alliance des États du Sahel (AES), Ousmane Sonko dit respecter et comprendre les choix de ces pays. « Nous sommes tous des pays souverains, nous devons nous respecter dans nos choix souverains et nous respectons le Mali dans ses choix, nous respectons le Burkina dans ses choix. Nous respectons tout le monde. Des choix que nous comprenons », a-t-il souligné.
Il faut noter que dans l’espace de l’AES, il y a souvent des critiques à l’égard de l’actuel régime sénégalais dans sa démarche pour le retour dans la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « Depuis quand peut-on reprocher à un panafricaniste de tout faire pour qu’on reste dans des cadres solides plutôt que de nous diviser ? Nous continuerons à travailler. Je l’ai dit, quel que soit l’aboutissement ou le choix qui a été fait, cela ne changera absolument rien dans nos relations avec chacun des pays », a-t-il déclaré.
Quant à une éventuelle intégration du Sénégal dans l’AES, Ousmane Sonko a « précisé qu’à aucun moment, il n’a dit que le Sénégal allait rejoindre l’AES », rapporte l’Agence d’information du Burkina (AIB).
Au cours de cette visite d’amitié et de travail, le Premier ministre sénégalais a aussi présenté ses condoléances au peuple malien qui a perdu des soldats en juillet 2024 dans des attaques perpétrées par des terroristes.
Pour rappel, le 16 septembre 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger avaient annoncé la signature de la Charte du Liptako-Gourma, créant ainsi l’Alliance des États du Sahel (AES). Ils ont quitté la CEDEAO en janvier 2024.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net