Samuel Benshimon sahel.intelligence.com

Le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a procédé à la nomination de 23 nouveaux sénateurs par décret, venant ainsi compléter la liste des 46 sénateurs élus lors des élections sénatoriales du 25 février dernier. Cette décision fait suite à la proclamation des résultats définitifs des élections par le Conseil constitutionnel, qui a confirmé la victoire écrasante du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti au pouvoir. En effet, le MPS a remporté 43 des 46 sièges à pourvoir, consolidant ainsi sa position dominante dans les institutions du pays.

Avec cette large victoire aux élections sénatoriales, Mahamat Idriss Déby Itno, qui est arrivé à la tête de l’État en 2021 après la mort de son père, Idriss Déby, et la prise du pouvoir par une junte militaire, continue de renforcer son emprise sur la gouvernance du Tchad. Bien qu’il ait exercé une autorité de facto après la disparition de son père, c’est au printemps 2023, après un processus électoral contesté, qu’il a réussi à légitimer son pouvoir par les urnes. Cette nouvelle étape avec la nomination des sénateurs marque un tournant dans la consolidation de son autorité.

Aujourd’hui, le MPS contrôle non seulement la majorité des sièges au Sénat, mais également 124 des 188 sièges à l’Assemblée nationale, ainsi que la présidence des 23 régions du pays. Ce contrôle total des institutions politiques et administratives permet à Mahamat Idriss Déby Itno de verrouiller encore davantage le système politique tchadien et de maintenir une autorité sans partage sur les affaires de l’État.

Cette concentration du pouvoir entre les mains du MPS s’inscrit dans une dynamique plus large de centralisation du gouvernement, où l’opposition, ayant boycotté les élections et n’ayant aucun siège au Parlement, se retrouve marginalisée. L’absence de voix dissidentes au sein des institutions laisse peu de place à la contestation, et le président Déby semble désormais maître incontesté des structures de gouvernance du Tchad. En l’absence d’une véritable opposition politique, les pouvoirs exécutif et législatif semblent désormais unifiés sous le contrôle du même parti, assurant une stabilité politique à court terme mais suscitant également des interrogations sur l’avenir de la démocratie et de la gouvernance au Tchad.

By Albert C. Diop

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