
LE MONDE AFRIQUE – Après les nombreuses réactions opposées à la reconnaissance du Somaliland par Israël, les Etats-Unis sont venus au soutien de leur allié, premier pays à avoir fait cette démarche vis-à-vis de cette république autoproclamée qui a fait sécession de la Somalie en 1991.
« Israël a le même droit de mener des relations diplomatiques que n’importe quel Etat souverain », a déclaré, lundi 29 décembre, l’ambassadrice américaine adjointe aux Nations unies (ONU), Tammy Bruce, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, faisant ensuite un parallèle avec la Palestine.
« Plus tôt cette année, plusieurs pays, y compris des membres de ce Conseil, ont pris la décision unilatérale de reconnaître un Etat palestinien qui n’existe pas et aucune réunion d’urgence du Conseil n’a été réclamée pour exprimer l’indignation du Conseil », a-t-elle noté, accusant ses collègues de « deux poids deux mesures ».
Alors que Donald Trump s’est dit opposé à une reconnaissance du Somaliland, la diplomate a précisé que son argument ne signifiait pas de changement de politique des Etats-Unis sur le sujet : « Nous n’avons aucune annonce à faire concernant une reconnaissance par les Etats-Unis du Somaliland ».
Une comparaison rejetée par plusieurs pays
Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont souligné, lundi, leur attachement à l’unité territoriale de la Somalie, sans pour autant s’en prendre directement à Israël qui a officialisé, vendredi, sa reconnaissance du Somaliland. Mais l’ambassadeur slovène, Samuel Zbogar, dont le pays a reconnu l’Etat palestinien, a rejeté le parallèle fait par Washington.
« La Palestine ne fait partie d’aucun Etat, elle est illégalement occupée, comme l’ont dit la Cour internationale de justice et d’autres », a-t-il insisté. Alors que le Somaliland « fait partie d’un Etat membre de l’ONU et le reconnaître viole » la charte des Nations unies. « Nous regrettons toute action qui risque de saper la paix et la sécurité de la région », a, de son côté, commenté l’ambassadeur britannique par intérim à l’ONU, James Kariuki.
Alors que la Somalie est en ce moment un des membres élus du Conseil, son ambassadeur Abukar Osman, s’exprimant aussi au nom de la Sierra Leone, de l’Algérie et du Guyana, a condamné un « acte d’agression » d’Israël « destiné à encourager la fragmentation » de la Somalie, et il a réclamé l’abrogation de cette reconnaissance.
« Ce n’est pas un acte hostile contre la Somalie, et ça n’empêche pas un futur dialogue entre les parties », s’est défendu le représentant israélien, Jonathan Miller, y voyant au contraire une « opportunité » de renforcer la stabilité de la Corne de l’Afrique.
« Une menace pour la sécurité » de la région
Des rassemblements ont été organisés dans plusieurs villes du Somaliland, dimanche, pour fêter cette reconnaissance par Israël. Le drapeau de l’Etat sécessionniste du Nord a été hissé aux côtés de celui de l’Etat hébreu, dans une cérémonie retransmise en direct par les chaînes de télévision du Somaliland.
Au même moment, le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, dénonçait « la plus grande des violations contre la souveraineté de la Somalie », devant le Parlement national. Les tentatives d’Israël de « diviser » la Somalie constituent « une menace pour la sécurité et la stabilité du monde et de la région et elles encouragent les groupes extrémistes et les mouvements sécessionnistes » partout, a-t-il lancé.
Le Somaliland faisait partie d’une poignée d’Etats africains susceptibles d’accueillir des Palestiniens de la bande de Gaza expulsés par l’Etat hébreu, selon des rapports de presse datant d’il y a quelques mois. « Nous mettons en garde Israël et son premier ministre Nétanyahou contre le transfert de ses guerres du Moyen-Orient vers la Somalie », a déclaré le chef de l’Etat somalien.
Le Monde avec AFP