Disparition d’une icône emblématique de l’éducation nationale, Feu BA Abdoulaye Saidou

BOCAR BA : À Bagodine, à Nouadhibou, et à travers toute la Mauritanie, les larmes ont coulé le lundi 18 septembre en mémoire de la disparition d’un des plus éminents et respectés enfants de la Mauritanie. Feu Ba Abdoulaye Saïdou avait consacré sa vie à l’enseignement.

Comme l’a exprimé le Ministre Ba Madine, à la morgue de Nouakchott, son voisin et ami pendant des décennies à Nouadhibou, « Ablaye était un homme d’une dimension unique, un enseignant dans l’âme, unificateur et pacificateur sans égal. Ablaye enseignait même dans la rue.

Ablaye avait un charisme naturel pour tout le monde. » Dans les années 1980, à une époque où les services d’état civil en Mauritanie n’étaient pas aussi développés, de nombreuses personnes se tournaient vers Mr. Ba en ne lui apportant que le certificat de naissance de leurs enfants, afin que les intéressés et leurs ayants droit puissent obtenir les documents d’état civil nécessaires.

Il est également rapporté, par les principaux concernés, que sans l’intervention de Mr. Ba, de nombreux enfants n’auraient jamais eu accès à l’éducation, soit en raison de l’ignorance de leurs parents des vertus de l’éducation, soit en raison de contraintes liées à l’âge.

Dans ces situations et bien d’autres, Mr. Ba avait la capacité de trouver des solutions et des ajustements appropriés pour que chaque enfant puisse intégrer l’école républicaine. Il agissait sans distinction de race, d’ethnie ou d’origine géographique.

Pour lui, tous les enfants étaient les siens, et tous méritaient une éducation, quel que soit leur milieu social ou leur âge. D’autres témoignent que Mr. Ba est l’un des rares éducateurs qui a mis en pratique ses propres enseignements en formant ses propres enfants (leading by example), les conduisant vers des carrières de recherche de renom à l’échelle mondiale, notamment dans des domaines aussi pointus que l’intelligence artificielle, au sein des instituts de recherche les plus prestigieux du monde.

Parmi ces réussites, citons le Dr. Amadou Ba, titulaire d’un doctorat de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Paris, chercheur et directeur de projet au sein d’IBM Recherche, Dr. Ba est un inventeur prolifique ayant à son nom plusieurs brevets enregistrés au Bureau des Brevets des États-Unis d’Amérique.

De même, nous pouvons mentionner la polytechnicienne Dr. Labouda Ba, diplômée de l’Université de Cergy-Pontoise de Paris, qui occupe la fonction d’enseignante-chercheuse en France. Sans oublier l’aînée de cette fratrie, Dr. Ba N’Diarel, minéralogiste et pétrographe senior au sein de l’ANARPAM.

Cette diplômée de l’Université de Tunis El Manar est aussi chercheur à l’Institut National de Recherche et d’Analyse Physico-Chimique de Technopole Sidi Thabet de Tunis en Tunisie. Où encore des ingénieurs parmi lesquels nous retrouvons notamment Djeinaba Ba, qui détient plusieurs masters, dont un en Statistiques de l’École Nationale de la Statistique et de l’Analyse de l’Information de Rennes en France, ainsi qu’un autre en Intelligence Artificielle de l’Université de Cincinnati aux États-Unis d’Amérique.

Nous pouvons également citer Oumar Ba, ingénieur spécialisé en Agroforesterie, Écologie et Adaptation et du sociologue Ba Bocar Abdoulaye du cabinet du président de la République. MashaAllah ! Le Fouta, et plus particulièrement Bagodine lui sont profondément reconnaissants pour toutes ses réalisations exceptionnelles.

Les habitants du Fouta, en particulier ceux de Bagodine n’ont cessé de faire l’éloge sincère et fondé de ses actions, que ce soit à l’annonce de son décès, lors de ses funérailles ou encore aujourd’hui. Ils se souviennent qu’il hébergeait à Nouadhibou nos guides religieux et bien d’autres. Son aide et son apport à la communauté ont été multidimensionnels. Plusieurs personnes rapportent qu’il les a aidées à trouver un emploi ou à être mutées d’un endroit à un autre. Un véritable serviteur. Quelle générosité dans l’âme et dans l’esprit !

Mr. Ba Abdoulaye Saïdou a suivi sa formation à l’École Normale de Nouakchott au sein de la promotion de 1970. Il devient instituteur à l’âge de 20 ans. En 1971, il s’est établi à Nouadhibou, après avoir exercé en tant que directeur d’école à Oulddeycharak de 1970 à 1971. Entre 1976 et 1978, il a occupé le poste de directeur du Centre Régional d’Éducation Ouvrière.

Parallèlement à ses responsabilités éducatives, de 1975 à 1978, il a rempli la fonction de Secrétaire Général du Syndicat National des Enseignants (SNE), section Nouadhibou. Mr. Ba a également joué un rôle essentiel en tant que créateur et directeur de plusieurs écoles à Nouadhibou jusqu’en 1985. À partir de cette année, il a pris le rôle de conseiller pédagogique chargé d’inspection au sein de la Direction Régionale d’Enseignement Fondamental. Sa contribution à la ville de Nouadhibou ne s’est pas limitée à l’éducation.

Dans les années 1970, il a occupé la fonction de chef de service régional du protocole, où il avait pour mission, aux côtés du gouverneur, de préparer l’accueil à Nouadhibou de nombreux chefs d’État et de gouvernement. Sa dévotion et son engagement infatigables ont laissé une empreinte indélébile sur la communauté éducative et la ville qu’il a servi avec distinction.

Mr. Ba a eu un rôle central dans l’établissement de la mairie de Nouadhibou en 1986, en étroite collaboration avec le ministre Maître Hamdy Ould Mahjoub. Mr. Ba a siégé en tant que conseiller municipal et a présidé une commission au sein de la mairie.

En 1987, sous leur direction, une initiative a été entreprise avec l’établissement du jumelage entre la ville de Nouadhibou et celle de Grenoble en France. Cette démarche a favorisé des échanges culturels et un renforcement des liens entre ces deux communautés. De plus, en 1988, une autre initiative de jumelage a été réalisée, cette fois entre la ville de Nouadhibou et celle de Casablanca au Maroc, renforçant ainsi les relations internationales et la coopération entre ces deux villes.

Mr. Ba a ainsi joué un rôle essentiel dans le développement et la promotion de la ville de Nouadhibou sur la scène nationale et internationale. Cette trajectoire illustre une carrière dédiée à l’éducation et à l’engagement civique au service de la communauté de Nouadhibou. Nous rendons donc hommage à une âme exceptionnelle qui a illuminé des vies de sa présence bienveillante. Mr. Ba était un pilier de force et une source d’inspiration.

Mr. Ba avait la capacité exceptionnelle de discerner le potentiel de chaque enfant, un potentiel qu’il souhaitait développer par le biais de l’éducation. Les gens reconnaissent que les souvenirs de Mr. Ba resteront gravés à jamais dans leurs cœurs. Son sacrifice au service du développement humain et social sont autant de témoignages de la richesse de sa vie et de l’impact profond qu’elle a eu sur beaucoup de gens.

Bien que Mr. Ba ne soit plus physiquement parmi nous, son esprit continue de vivre à travers les générations qu’il a formées. Il restera toujours le modèle de l’enseignant. Dans ces moments de tristesse, nous nous tournons vers les souvenirs heureux pour nous réconforter, sachant que Mr. Ba a laissé un héritage précieux qui perdurera pour les générations à venir. Puissions-nous nous inspirer de sa vie exemplaire pour devenir de meilleures personnes et honorer sa mémoire. Mr. Ba, ton absence est profondément ressentie, mais ton esprit continue de briller dans nos vies.

Repose en paix, et que ton voyage vers l’éternité soit doux et serein. Nous exprimons nos plus sincères condoléances à sa famille de Bagodine, de Nouadhibou et à travers le monde. En ces moments difficiles, nos pensées vont à la veuve de Mr. Ba, Racky Sao, ainsi qu’à ses enfants particulièrement ses cadets, Kadiata Ba et Saïdou Ba, qui ont partagé les dernières années et instants avec lui. Nous leur souhaitons beaucoup de courage !

إنا لله وانا إليه راجعون

By Albert C. Diop

HBodiel