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Les chefs d’État de Guinée-Bissau, du Sénégal, du Libéria, du Gabon et de la Mauritanie ont participé du 9 au 11 juillet 2025 au premier sommet de l’administration Trump avec des dirigeants africains. Cette visite officielle, axée sur la diplomatie économique et les investissements privés, a donné lieu à des engagements concrets dans les secteurs minier, énergétique, des infrastructures et de la sécurité.
Cinq chefs d’État africains ont mené une visite officielle stratégique aux États-Unis du 9 au 11 juillet 2025, marquée par un sommet historique avec le président Donald Trump à la Maison Blanche et une série de rencontres bilatérales de haut niveau axées sur le renforcement des partenariats économiques et des investissements privés.
Premier sommet américano-africain de l’ère Trump
Le sommet du 9 juillet à la Maison Blanche a constitué la première rencontre multilatérale de la nouvelle administration américaine avec des dirigeants africains. Cette réunion de haut niveau a mis l’accent sur la nouvelle politique « Trade not Aid »-Commerce plutôt qu’aide-, privilégiant les partenariats économiques mutuellement bénéfiques, les investissements du secteur privé et la coopération en matière de sécurité régionale.
Guinée-Bissau : Stabilité, investissements et coopération sécuritaire
Le président Umaro Sissoco Embaló a présenté sa vision d’une Guinée-Bissau « stable, sécurisée et ouverte aux investissements étrangers », mettant en avant les secteurs prioritaires de l’énergie, de l’agriculture, du tourisme, de la technologie et des infrastructures. Le nouveau code d’investissement du pays a été présenté comme un outil clé pour attirer des partenariats solides.
La délégation bissau-guinéenne, incluant le ministre de la Justice et la Direction de la police judiciaire, a approfondi la coopération avec la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, témoignant de l’engagement du pays dans la sécurité régionale.
Des rencontres avec des entrepreneurs à la Chambre de commerce américaine ont complété l’agenda économique, explorant les opportunités d’investissement en Guinée-Bissau.
Sénégal : Diplomatie économique intensive et partenariats stratégiques
Le président Bassirou Diomaye Faye a mené une diplomatie économique particulièrement intensive, présentant sa « nouvelle vision de coopération fondée sur le commerce, les investissements mutuellement bénéfiques et le respect des intérêts réciproques ».
Il a mis en avant les nombreux atouts du Sénégal, notamment sa stabilité politique, son climat des affaires attractif et sa position géographique stratégique.
Rencontres sectorielles stratégiques
En marge de la rencontre officielle à la Maison Blanche, le président Faye a tenu plusieurs audiences stratégiques. Il s’est entretenu avec une délégation de haut niveau de Boeing, conduite par Michael Schnabel, vice-président exécutif en charge des opérations internationales. Les échanges ont porté sur le renforcement du partenariat avec Air Sénégal, l’acquisition d’avions performants, le développement des capacités locales et la création d’emplois qualifiés dans le secteur aéronautique sénégalais.
Le dirigeant sénégalais a également rencontré les responsables du Millennium Challenge Corporation (MCC) pour évoquer les perspectives de coopération renforcée dans les projets de développement économique structurants. Il a eu des échanges fructueux avec des cadres sénégalais occupant de hautes fonctions au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale sur les enjeux économiques et les opportunités de croissance durable.
Table ronde avec les investisseurs américains
Le deuxième jour de sa visite, le président Faye a été l’hôte de la Chambre de commerce des États-Unis à Washington, la plus grande organisation patronale au monde. Lors d’une table ronde exécutive réunissant une trentaine de hauts responsables d’entreprises américaines, il a exposé sa vision économique « claire, audacieuse et attractive » pour le Sénégal.
Il a particulièrement mis en avant les réformes engagées pour améliorer significativement le climat des affaires, ainsi que les opportunités d’investissement dans les secteurs clés : énergie, industrie agroalimentaire, infrastructures, économie numérique et ressources naturelles (pétrole et gaz).
Cette nouvelle doctrine sénégalaise, fondée sur des partenariats mutuellement bénéfiques et en phase avec la politique américaine « Trade not Aid », a été particulièrement appréciée par les investisseurs américains, qui ont manifesté leur intérêt pour renforcer leur présence au Sénégal. La Chambre de commerce a annoncé la prochaine publication d’un Guide d’Investissement spécialement dédié au Sénégal.
Coopération avec la DFC
Le président Faye a conclu sa visite en accordant une audience à Christopher Landau, secrétaire d’État adjoint et président du Conseil d’administration de la DFC (Société de financement du développement américaine). Ce dernier a exprimé la volonté affirmée des États-Unis de renforcer leur coopération économique avec le Sénégal par davantage d’investissements et une collaboration accrue entre les secteurs privés des deux pays.
Libéria : Secteur minier et programme ARREST
Le président Joseph Nyuma Boakai a centré ses interventions sur le riche potentiel en ressources naturelles du Libéria, appelant à une collaboration renforcée dans le secteur minier. Lors du sommet, il a exprimé la gratitude du Libéria pour le partenariat historique avec les États-Unis, déclarant : « Le Libéria est un ami de longue date des États-Unis, et nous croyons en votre vision de faire de l’Amérique une nouvelle grandeur. »
Coopération technique et géologique
Le président Boakai a sollicité un soutien pour mener des levés minéraux exhaustifs, déclarant : « Le Libéria possède un vaste potentiel minéral et en tant qu’ami de confiance, nous recherchons un soutien pour mener des levés minéraux exhaustifs. C’est essentiel pour débloquer une croissance durable et des avantages économiques mutuels. »
Lors de sa réunion bilatérale avec le président Trump, il a invité l’United States Geological Survey (USGS) à s’associer avec le Libéria pour effectuer une cartographie nationale des minéraux critiques, visant à identifier des opportunités d’investissement stratégique dans les éléments des terres rares, le lithium et autres minéraux essentiels.
Réformes économiques et programme ARREST
Le dirigeant libérien a souligné l’engagement du Libéria envers la transparence, la bonne gouvernance et l’état de droit, présentant son programme phare ARREST (Agriculture, Routes, État de droit, Éducation, Assainissement et Tourisme) comme cadre de partenariat économique et de croissance.
Rencontres avec les hauts responsables américains
Le président Boakai a tenu une réunion de haut niveau avec le secrétaire d’État adjoint Christopher Landau, discutant des pistes pratiques pour élargir les partenariats dans le secteur minier, le développement des petites entreprises et d’autres secteurs clés du privé. Le secrétaire adjoint a salué la signature récente de l’accord de concession et d’accès (CAA) avec Ivanhoé Liberia Ltd., garantissant l’accès multi-utilisateurs au corridor ferroviaire essentiel du Libéria.
Conférence commerciale de Philadelphie
Le 11 juillet, lors d’une conférence commerciale à Philadelphie organisée par l’Office du commerce et de l’investissement du Libéria en partenariat avec Laborers’ Local 332, le président Boakai a appelé les investisseurs américains et internationaux à saisir les nouvelles opportunités d’investissement.
S’exprimant par l’intermédiaire de l’ambassadeur Charles A. Snetter Jr., il a déclaré : « Fini les jours des simples présentations PowerPoint, nous sommes maintenant sur le terrain, prenant des actions tangibles. Nous vous invitons à participer à cette transformation. »
Il a également souligné l’importance de l’élection unanime du Libéria à un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies, qualifiant cela de « puissant témoignage de la crédibilité internationale croissante du Libéria – et un signal aux investisseurs du monde entier que le Libéria est de retour et prêt pour les affaires. »
Gabon : Projets d’infrastructures et souveraineté économique
De son côté, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a présenté sa vision de « bâtir une économie forte, souveraine et tournée vers l’avenir », mettant particulièrement en avant le projet emblématique de ligne de chemin de fer Belinga-Boué-Mayumba, long de 901 km, destiné à transporter le minerai de fer et à structurer le territoire national.
Projets structurants
Ce projet emblématique, annoncé lors du discours à la Nation du 31 décembre 2024, marque une ambition claire d’industrialiser le pays et d’intégrer ses ressources à la chaîne de valeur mondiale. Plusieurs autres projets structurants ont été présentés, à savoir la signature d’un accord avec Millenial Potash pour la potasse de Mayumba, des discussions avec ExxonMobil et Boeing, la construction du port en eau profonde de Mayumba, le Barrage hydroélectrique de Boué et des demandes de financement auprès de US-DFC et EXIMBANK.
Rencontre à la Chambre de commerce américaine
En marge de sa visite officielle, le président Oligui Nguema a conduit une réunion de haut niveau à la Chambre de commerce américaine, aux côtés d’investisseurs opérant dans les secteurs des mines, infrastructures, aéronautique et énergie.
Les projets présentés incluent le port en eau profonde de Mayumba, la ligne ferroviaire Belinga-Mayumba, le nouvel aéroport d’Andem, un réseau routier de 3 000 km, et l’exploitation des gisements de fer de Belinga et Baniaka. Les investisseurs américains ont salué les réformes engagées au Gabon et exprimé leur volonté d’accompagner ces projets ambitieux.
Développement pétrolier
Le 10 juillet, le président a accordé une audience à Urbain Beka Nguema, directeur général de BW Energy, lors de sa visite aux États-Unis, portant sur le développement du champ pétrolier « Bourdon », récemment découvert au large de Mayumba et estimé à 83 millions de barils.
Mauritanie : Position stratégique et coopération régionale
Pour sa part, le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a mis l’accent sur les atouts stratégiques de la Mauritanie lors de sa rencontre avec le président Trump, exprimant sa « profonde reconnaissance pour l’invitation » et appréciant « efforts du président américain pour instaurer la paix dans plusieurs régions. »
Potentiel économique et géographique
Le dirigeant mauritanien a souligné « le grand potentiel dont dispose la Mauritanie avec sa position stratégique, sur la côte de l’océan Atlantique, adjacente aux États-Unis, ainsi que la création d’un lien entre l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud. »
Il a rappelé que « pendant soixante ans, la Mauritanie est restée le deuxième producteur de minerai de fer en Afrique et que son eau de mer est riche en ressources, en particulier en poissons. »
Coopération sécuritaire et questions régionales
Le président El-Ghazouani a salué les efforts de paix du président Trump, notant « la nécessité de travailler à mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza » et soulignant que son administration « a joué un rôle important dans l’instauration de la paix » dans diverses régions.
Rencontres bilatérales
Le président mauritanien a aussi tenu une réunion avec le secrétaire d’État adjoint Christopher Landau, se concentrant sur « le suivi et l’activation » des engagements pris lors de la rencontre avec le président Trump. Les deux parties ont « cherché des moyens de renforcer le partenariat entre la Mauritanie et le secteur privé américain» et ont abordé « les questions de sécurité régionale dans la région côtière.»
En marge de sa visite, le président Al-Ghazwani a rencontré au siège de la Chambre de commerce américaine à Washington, en présence de Kendra Gaither, présidente de l’Afro American Business Center, Will Stevens, secrétaire d’État adjoint aux Affaires de l’Afrique de l’Ouest, et Mike Anderson, premier vice-président des Affaires étrangères de Cosmos Energy. La réunion a débattu « des perspectives de renforcement du partenariat entre la Mauritanie et les économistes américains, en particulier dans les domaines de l’investissement, du développement du climat des affaires et du transfert d’expériences.»
Cette visite officielle de trois jours a permis aux cinq dirigeants africains de présenter leurs potentiels économiques et de nouer des contacts stratégiques avec les investisseurs américains. Les rencontres ont donné lieu à des engagements concrets : guides d’investissement, missions techniques, financements potentiels et partenariats industriels.
AC/Sf/APA